Patients avec troubles psy : des formes plus graves de Covid

Selon une enquête mondiale, les patients atteints de pathologies psychiatriques présenteraient des risques accrus de formes sévères de Covid-19 et de mortalité. En cause : leurs traitements, la difficulté d'accès aux soins, leur isolement...

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Les patients atteints de pathologies psychiatriques présenteraient-ils des risques accrus de formes graves de Covid-19 ? C'est ce qu'affirme la plus grande méta-analyse réalisée à ce jour, publiée dans la prestigieuse revue Lancet Psychiatry en juillet 2021 (en lien ci-dessous). Elle compile les données de 33 études réalisées dans 22 pays, portant sur presque 1,5 million de patients atteints de Covid-19. Parmi eux, 44 000 souffraient de troubles mentaux.

Un risque deux fois plus élevé de mortalité

Selon ses conclusions, après une infection par le SRAS-CoV-2, les patients ayant des troubles mentaux déjà déclarés courent un risque deux fois plus élevé de mortalité et d'hospitalisation. Cela concerne particulièrement les troubles psychotiques, de l'humeur, liés à la consommation de substances et les déficiences intellectuelles et troubles du développement mais pas les troubles anxieux. Pourtant, alors qu'ils sont exposés au risque de mortalité le plus élevé, ces patients ne sont pas davantage hospitalisés. Selon le Dr De Picker, « ils sont confrontés à d'importants obstacles aux soins médicaux », ce qui « pourrait avoir contribué à l'augmentation de la mortalité ». « Avec ces nouvelles preuves, ne pas agir n'est plus une option », a déclaré le Dr Livia De Picker (de l'hôpital psychiatrique universitaire Campus Duffel, Belgique).

Vaccination maximale pour ce public

Le Dr De Picker déplore que, dans plusieurs pays, les autorités sanitaires ont rejeté les appels à modifier la stratégie de vaccination au motif que les preuves scientifiques actuelles ne distinguaient pas de groupes particuliers de patients psychiatriques présentant un risque supérieur. Selon elle, cet article offre une « réponse à cette question », qui doit les encourager à prendre des mesures ciblées pour assurer une « vaccination maximale » de ce public et « une surveillance étroite et une orientation adéquate vers l'hôpital » en cas de besoin. « Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les causes de ce mauvais pronostic du Covid-19 chez les patients atteints de maladies psychiatriques, qui pourraient refléter des processus biologiques, tels que des altérations immuno-inflammatoires liées à ces troubles », complète le professeur Marion Leboyer directrice du réseau d'Immuno-neuropsychiatrie du Collège européen de neuropsycho-pharmacologie (ECNP) qui a initié cette étude.

Antipsychotiques et anxiolytiques en cause

Selon elle, l'impact des traitements psychopharmacologiques nécessite, en particulier, une étude plus approfondie. En effet, les chercheurs ont constaté que certaines personnes déjà sous antipsychotiques et anxiolytiques avant de contracter le virus étaient susceptibles de développer des formes graves. Les antipsychotiques pourraient augmenter les risques cardiovasculaires et thromboemboliques, interférer avec une réponse immunitaire et provoquer des interactions avec les médicaments utilisés pour traiter le Covid-19. Quant aux anxiolytiques, ils peuvent engendrer un risque de dépression respiratoire et sont connus pour être associés à une mortalité toutes causes confondues. En revanche, il a récemment été démontré que certains antidépresseurs avaient des effets protecteurs. Enfin, « des facteurs sociaux et liés au mode de vie tels que l'alimentation, l'inactivité physique, l'isolement social, la consommation élevée d'alcool et de tabac, les troubles du sommeil et une prévalence plus élevée de comorbidités somatiques pourraient également avoir des effets néfastes sur le pronostic de Covid-19 », conclut Marion Leboyer.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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