« Handicap et travail, retrouvez le sourire. Parlons-en ! ». Une invitation sous forme de slogan destinée au personnel d'un hôpital de Rennes. Le Centre hospitalier Guillaume Régnier, qui gère un important dispositif de soins en santé mentale, a pris les choses à bras le corps pour tenter de mobiliser son personnel et, tant qu'à faire, avec le sourire. Exemple à suivre…
Et les souffrances du personnel ?
« Jusqu'en 2011, en matière de handicap, confie B. Garin, son directeur, il y avait un certain paradoxe : d'un côté, prendre en charge des patients - le cœur de notre mission – et, de l'autre, ne pas accompagner les souffrances de notre personnel. » Le handicap ? Bien sûr qu'on en parle ! Entre les lèvres, en rasant les murs, parfois en montrant du doigt. Il faut changer cela : la personne handicapée n'est-elle tout aussi capable, en agissant et en procédant différemment ? Adapté au handicap, le travail n'est plus un frein. Il est un moteur, utile à l'ensemble de l'entreprise. Convaincu par cette évidence, ce centre hospitalier décide de s'engager. Et pas à dose homéopathique !
Des actions en chaine
Il y a cinq ans, il signe une première convention avec le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). L'objectif : lever le tabou du handicap pour permettre à celles et ceux qui en souffrent d'en prendre conscience et d'accepter de se faire reconnaître comme tel. La direction des ressources humaines met alors en place des mesures pour accueillir les travailleurs handicapés et ceux qui, potentiellement, peuvent être Bénéficiaires de l'obligation d'emploi (BOE). En 2011, une Cellule d'aptitude médico-professionnelle (CAMP) est créée pour entendre les souffrances physiques et/ou mentales, les reconnaître et accompagner les agents en situation de handicap. Elle regroupe les services RH et Santé au travail, avec, pour ce dernier, des missions appuyées. L'assistante sociale du personnel est par ailleurs identifiée « référent handicap ».
Des résultats probants
La démarche, s'il fallait la résumer : faire sauter les verrous pour ouvrir les voies de l'acceptation et, in fine, de l'intégration dans le milieu du travail. Les résultats sont convaincants. Le centre hospitalier passe de 2,97 % de BOE en 2011 à 5,22 % en 2013. L'objectif étant d'atteindre le taux légal de 6 % et ne plus être soumis aux contributions financières. Récemment, un ergonome, recruté à mi-temps, a rejoint la CAMP. Mais, surtout, aujourd'hui, l'ensemble du personnel reconnaît la qualité du travail accompli par leurs collègues handicapés.
Une campagne pour sensibiliser tous le personnel
Mais il s'agit d'aller plus loin encore… Un travail de longue haleine, sur 3 ans (2014-2016). Et notamment en menant des actions fortes d'information et de sensibilisation à l'adresse de l'ensemble du personnel. Pour relever le défi, un « arsenal » d'outils interactifs, ludiques et mobiles a été déployé. En décembre 2014, l'engagement se poursuit à travers une campagne : « Handicap et travail, retrouvez le sourire. Parlons-en ! », relayée dans un journal interne. Les premières animations ont eu lieu le 27 janvier 2015, au self de l'hôpital ! Et histoire de mettre un peu plus de peps dans le dispositif, la direction a choisi pour parrain Christophe Ballois. Atteint depuis sa naissance d'une agénésie de l'avant-bras gauche, cet athlète est recordman du monde de vitesse à la voile handisport. Vous avez vraiment dit « handicap » ? D'autres animations suivront, au fil du temps… C'est parti pour deux ans. Et avec le sourire, SVP !