« #Disabledpeoplearehot », littéralement les personnes handicapées sont sexy ! « C'est évident, non ? », commente une internaute. En février 2019, ce hashtag fait le buzz et des centaines de milliers de témoignages affluent sur Twitter. Certains accompagnent leur message de photo. Comme pour tenter de convaincre les plus réticents ? Surtout pour montrer que beauté, sensualité et handicap sont compatibles. Un hashtag positif initié par Andrew Gurza, un Canadien en fauteuil roulant à cause d'une infirmité motrice cérébrale. L'objectif : remettre les pendules à l'heure et combattre les stéréotypes.
Mouvement de cohésion
Exutoire, lieu de discussion, terrain de revendication... Chacun y trouve son compte. Ce hashtag donne l'occasion à certains d'échanger sur leur pathologie ou leur handicap et de se montrer tels qu'ils sont, sans craindre le regard d'autrui. Pour d'autres, c'est une révélation… « La plupart de ma vie, j'ai pensé ne pas être sexy mais, aujourd'hui, je suis ici pour vous dire que je m'aime », assure un internaute. « Parce qu'être handicapé ne nous condamne pas à une vie de tristesse et de disgrâce contrairement à ce que beaucoup s'imaginent », explique un autre. « Je peux utiliser un fauteuil roulant tout en restant charmante et séduisante », exprime une jeune fille en insistant sur le fait que le handicap n'est pas « juste une tragédie ». « Mon handicap ne définit pas qui je suis », conclut une autre.
Je suis sexy. Point !
Des personnes à mobilité réduite, d'autres bipolaires ou encore souffrant de maladies invalidantes… Toutes sont réunies sous une même bannière : revendiquer la diversité. « Arrêter de dire que nous sommes laides, indésirables. 'Tu es sexy pour une personne handicapée'. Non, je suis juste sexy. Point. », affirme une internaute. « Même si parfois j'ai l'impression d'être un monstre, j'essaye d'être sexy », légende une jeune femme en lingerie fine. Certains en profitent pour sensibiliser le grand public aux handicaps invisibles. Si 80 % des handicaps le sont, ils restent pourtant méconnus et donnent souvent lieu à des réflexions désobligeantes : « Pourquoi vous occupez une place réservée, vous n'êtes même pas handicapé ! », « Vous faites la queue comme tout le monde ! »… Nombreux sont ceux qui évoquent les difficultés liées à leur scoliose en souhaitant faire comprendre que le handicap ne se limite pas aux personnes en fauteuil roulant. D'autres préfèrent prendre les réactions à la légère : « Mon fauteuil attire le regard des gens alors je leur donne quelque chose de mignon à regarder ». « Marre qu'on nous parle comme si nous étions des enfants ou des animaux », fulminent certains.
Hashtags valorisants
Andrew Gurza n'imaginait pas que son mouvement prendrait une telle ampleur. Le trentenaire certifie, dans le Daily Mail, l'avoir fait « juste pour le plaisir et pour montrer que les personnes handicapées pouvaient se sentir bien dans leur peau et s'accepter ». Mais, très vite, des internautes du monde entier s'emparent de ce hashtag. « Les personnes handicapées sont souvent désexualisées et infantilisées, admet Andrew Gurza. J'espère que ce hashtag changera cela. » Un mouvement valorisant qui fait suite à d'autres hashtags comme #disabledandcute (« handicapée et mignonne »), lancé en 2017 par Keah Brown, une adolescente américaine (article en lien ci-dessous). Le message est clair : faire de sa différence une force. C'est animé par cette même ambition qu'Andrew Gurza a décidé de créer une ligne de t-shirts « Disabled people are hot ».