Croizon ou la transcendance du handicap

"Nager au-delà des frontières", témoignage consacré au périple intercontinental du nageur quadri-amputé Philippe Croizon, est un hymne à la vie, un documentaire d'une rare humanité sur cet homme d'exception qui transcende tous les handicaps.

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PARIS, 27 nov 2012 (AFP) -
Ce 110 minutes de Robert Iséni et Charlène Gravel, Grand Prix du Public il y a dix jours lors de sa première projection au festival du film d'aventure de La Rochelle, sera diffusé vendredi à 20h45 dans Thalassa. Cette émission de France 3 retransmet pour la première fois depuis sa création en 1975 un documentaire aussi long.
Depuis sa traversée de la Manche en 2010, Philippe Croizon, ancien ouvrier métallurgiste de 43 ans privé de ses bras et jambes après un accident en 1994, s'est lancé dans un nouveau combat: sortir les handicapés de leur ghetto, substituer le mot "différent" à celui d'invalide, en s'assignant des défis qui forcent le respect et l'admiration.
Avec son périple autour du monde "Nager au-delà des frontières", il a réussi l'été dernier à rallier à la nage les cinq continents, Océanie, Asie, Afrique, Amérique et Europe, en compagnie de son ami et "poisson pilote", le nageur longue distance Arnaud Chassery. Le tout avec un seul message: "Egalité et fraternité entre tous les hommes valides et invalides".

Du rire aux larmes

Le long métrage d'Iséni et Gravel est un beau film de voyage et d'aventure qui emmène le spectateur de la Papouasie-Nouvelle Guinée aux eaux glacées du détroit de Béring, en passant par la mer Rouge et Gibraltar, mais surtout une formidable leçon de vie et d'espoir.
Sans voyeurisme, il provoque larmes et rires et n'est en aucun cas un document "sur" le handicap, mais sur son dépassement, par un homme qui affirme haut et fort sa différence en s'assignant des défis dont la réalisation est porteuse d'espoir et de vie, que l'on soit ou non "valide".
Confusion des émotions lorsque Philippe, à son arrivée sur une plage marocaine, après avoir franchi le détroit de Gibraltar, étreint en pleurant le petit Théo Curin, 12 ans, lui aussi quadruple amputé à la suite d'une méningite et dont le sourire radieux illumine la scène.
Coup au coeur à nouveau dans le golfe d'Aqaba, lorsque le nageur rencontre Paul Sobol, 86 ans, rescapé des camps de la mort nazis.
Le vieil homme porte, tatoué sur le bras, son numéro matricule de déporté juif. Il dit à Philippe: "Comme toi, j'ai dû me reconstruire après cette inhumaine épreuve. Comme toi, je suis devenu un autre. Comme je te comprends ! Tu ravives mon espoir à la fin de ma vie..."

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