Elle l'a fait ! Une démo de voltige au salon aéronautique du Bourget. Elle, c'est Dorine Bourneton, la première femme pilote de voltige paraplégique au monde. En mars 2015, déjà, elle avait relevé le défi de se poser sur les pistes de l'aéroport de Roissy au milieu des gros porteurs (article en lien ci-dessous). En ligne droite. Mais, son rêve, c'étaient loopings, tonneaux, boucles et reversements. La jeune femme a eu moins d'un an pour se préparer pour le saint des saints en matière d'aéronautique, le Salon international qui se tient tous les deux ans au Bourget (jusqu'au dimanche 21 juin 2015).
Derrière la Patrouille de France
Et elle l'a fait ! Ce samedi 19 juin, à 16h, sur le prestigieux tarmac, Dorine joue dans la cour des grands. Seule aux commandes de son Cap 10, elle emboite la piste à la patrouille de France qui, comme d'hab, déroule un show magistral, fumerolles à plein gaz, et suit le sillage de l'imposant A400, sorte de bourdon militaire si maniable qu'on le voit presque faire du sur-place. Au micro, le speaker s'appesantit sur l'histoire de cette pionnière, des tremolos dans la voix. Aujourd'hui âgée de 40 ans, elle fut en effet la seule rescapée du crash d'un avion de tourisme à l'âge de 16 ans qui la priva de l'usage de ses jambes (article complet en lien ci-dessous). Malgré cette tragédie, Dorine poursuit son rêve, son combat, devenir pilote professionnel, et obtient, en 1997, ce droit pour les personnes handicapées.
Sanglée jusqu'à l'asphyxie
Au Bourget, elle enchaîne, certes, des figures de voltige dite « élémentaire » mais vu du plancher des vaches, pour un néophyte, la performance semble de taille. Programme de trois minutes trente, à 600 mètres d'altitude en moyenne. La prouesse est surtout dans le cockpit car, en l'absence d'appui sur les jambes, Dorine doit être sanglée presque jusqu'à l'asphyxie et ne peut compter que sur ses abdos pour compenser. Pour obtenir son certificat médical, elle a passé une batterie d'examens afin d'évaluer la réaction de son corps face à la pression de la gravité. Il a fallu trouver de nombreuses astuces pour pallier son handicap, et notamment un « malonnier » qui lui permet de piloter avec ses mains.
Bien préparée, no stress !
Le commentateur a eu beau affirmer qu'elle était en stress total lors du briefing des pilotes, Dorine nous confie, après son atterrissage : « Non, j'étais bien. Bien préparée surtout, avec toute une équipe autour de moi. Et puis l'aide d'un préparateur physique et mental qui m'a fait faire des exercices avant. J'ai pu totalement mentaliser le vol et surtout faire deux vols de reconnaissance ». Un vent de travers soufflait pourtant fort ce jour-là qui l'a contrainte à aller se poser sur une piste plus lointaine pour éviter à son frêle coucou d'être déporté.
Un livre et un reportage sur Planète +
Dorine voltigera à nouveau le samedi 20 et dimanche 21 juin 2015, vers 16h. Peut-être plus tôt espère-t-elle car elle souhaite prendre le temps de dédicacer son livre « Au-dessus des nuages » (au Musée de l'air). Un reportage de 52 minutes lui a par ailleurs été consacré, qui sera diffusé sur Planète + les 25 juin 2015 à 22h20 et le 1er juillet à 20h45.