Dans le cadre du Comité national autisme qui s'est réuni le 16 avril 2015, le gouvernement a annoncé sa volonté d'améliorer la prise en charge des personnes atteintes d'autisme en agissant sur la formation des professionnels de santé et d'accompagnement afin de faire évoluer les méthodes. Il faut « agir encore plus vite et plus fort », pour que les recommandations des autorités de santé s'appliquent, a déclaré Ségolène Neuville, secrétaire d'État en charge du handicap, en clôturant ce comité réuni pour un bilan d'étape du 3e plan autisme (2013-2017), annoncé il y a près de deux ans.
La Haute autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) avaient jugé en 2012 que l'approche psychanalytique, qui domine depuis des décennies en France, n'avait pas fait la preuve de son efficacité et était « non consensuelle ». Elles avaient recommandé, dès le plus jeune âge, des méthodes éducatives et comportementales, qui travaillent sur les apprentissages. Le 3e plan autisme, annoncé en mai 2013, a préconisé un dépistage de l'autisme dès 18 mois, une prise en charge précoce et intensive, et une évolution des pratiques professionnelles en fonction de ces recommandations. Mais les associations de famille déplorent de fortes résistances sur le terrain et font souvent état de leurs difficultés à trouver des professionnels formés aux nouvelles méthodes.
Vers de nouvelles formations ?
Pour « renforcer l'efficacité » de ce plan, Mme Neuville a annoncé une série de mesures portant sur la formation initiale et continue (programme complet en lien ci-dessous). Soulignant que « près du tiers » des formations continues des professionnels de santé sur l'autisme sont « en incohérence » avec les recommandations, elle a annoncé l'organisation d'un appel d'offres, avec un cahier des charges élaboré en concertation avec des membres du comité autisme. Les formations non conformes aux recommandations ne seront pas éligibles aux financements de développement professionnel continu (DPC). La sélection sera rendue publique d'ici mars 2016.
La psychiatrie sous surveillance
Pour les formations initiales de travailleurs sociaux (éducateurs, moniteurs ...), un audit national des contenus pédagogiques va être mis en place. Une procédure d'évaluation des formations des professionnels paramédicaux est également prévue. Pour les établissements et services médico-sociaux, un label de qualité déjà expérimenté localement à l'initiative de l'association Autisme France va être généralisé, sur la base du volontariat, afin que les établissements « vertueux » puissent « valoriser leur savoir-faire ». Les services de psychiatrie seront soumis à des inspections des Agences régionales de santé (ARS) pour vérifier la mise en œuvre des recommandations de la HAS et de l'Anesm. Ceci afin de faire évoluer les réponses proposées par les hôpitaux de jour en pédopsychiatrie. Ceux qui ont déjà procédé à des changements « existent », même s'ils sont rares, selon Mme Neuville.
Un module pour les enseignants
Pour favoriser la scolarisation des enfants autistes, des « modules prêts à l'emploi » sur l'autisme seront proposés aux écoles supérieures des professeurs des écoles (ESPE), et des formations « garanties » aux accompagnants d'élèves avec autisme. Les universités étant autonomes, elles seront « encouragées » à suivre des initiatives comme celle de Clermont-Ferrand, pour adapter leurs formations aux recommandations de la HAS. Doté de 205 millions d'euros, le 3e plan autisme prévoyait la création de 3 400 places d'accueil supplémentaires pour enfants et adultes d'ici 2017. Selon le rapport d'étape distribué au comité, les crédits ont été notifiés aux ARS pour les installer. En comptant le reliquat du 2e plan autisme, « près de 6 300 places » doivent être créées sur 2015-2018. Depuis le lancement du 3e plan, 1 000 places ont été installées, relevant du plan précédent, a-t-on précisé au ministère.