Par Charlotte Hill
Près de neuf jeunes sur dix de 12 à 17 ans (86%) possèdent un smartphone. Reprenant une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le 7 juin 2018, après 4h30 de débat, le texte sur l'interdiction du téléphone portable a été adopté à main levée par l'Assemblée, soutenu par LREM, MoDem et UDI-Agir. Tous les autres groupes ont dénoncé son "inutilité", voire une "tartufferie" (LR).
Limiter les mauvais usages
Le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a défendu "une loi du XXIe siècle" qui envoie "un signal à la société française sur cet enjeu de société", en prévoyant une "interdiction effective" des portables. "Être ouvert aux technologies du futur ne signifie pas que nous devons les accepter dans tous les usages", a-t-il plaidé, listant les "mauvais usages" tels que cyber-harcèlement, consultation de sites pornographiques, addiction aux écrans... S'il a reconnu que l'interdiction est déjà "dans les faits possible", il a fait valoir que son effectivité "n'est pas assurée".
Dérogation pour les élèves handicapés
Le code de l'éducation interdit, depuis la loi du 12 juillet 2010, les portables "durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur". Mais le ministre a défendu le besoin "d'une base juridique beaucoup plus solide". Le texte LREM entend interdire l'usage de tout objet connecté dans les écoles et collèges, avec des exceptions "pour des usages pédagogiques" ou les enfants handicapés. Les activités extérieures, comme le sport, seront aussi concernées pour les quelque 8,5 millions d'élèves du public. Les chefs d'établissements, pour qui la mesure est utile à défaut d'être un "big bang", auront à décider des modalités de mise en œuvre (lieux, conditions).
Et pour le personnel ?
Les groupes d'opposition sont montés au créneau contre un texte revenant, à leurs yeux, à "enfoncer des portes ouvertes". Le texte, qui prévoit aussi de renforcer la formation des élèves à un "usage responsable" du numérique, a pratiquement été inchangé dans l'hémicycle. Un amendement LREM a néanmoins inscrit dans la loi la possibilité pour le personnel enseignant de confisquer les portables. Les élus du groupe majoritaire, qui avaient envisagé d'étendre l'interdiction du portable aux personnels et enseignants, ont fait machine arrière, M. Blanquer ayant jugé que ce ne serait "pas opportun", notamment pour éviter des "effets pervers" en termes de sécurité.