Le sort du champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius est de nouveau entre les mains de la justice le 2 novembre 2015 : le parquet a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison, dans l'espoir d'obtenir une peine plus sévère. En octobre 2014, l'athlète avait été condamné pour l'« homicide involontaire » de sa petite amie Reeva Steenkamp, dans la nuit de la Saint-Valentin 2013 à Pretoria. Mais il est sorti de prison par anticipation, le 19 octobre 2015, et a été placé sous un strict régime de liberté surveillée. Si les faits sont requalifiés en meurtre par la Cour d'appel, Pistorius risque au moins quinze ans de prison. En cas de nouvelle condamnation, sa liberté conditionnelle sera évidemment révoquée.
Un procès moins spectaculaire
Pour l'accusation, il est évident que Pistorius doit être condamné pour meurtre, puisqu'il a lui-même admis qu'il pensait ouvrir le feu sur un être humain caché dans ses toilettes lorsqu'il a tiré quatre munitions de gros calibre à hauteur d'homme. Le procès en appel sera moins spectaculaire que le procès devant la Haute Cour de Pretoria. Pistorius ne sera pas présent à Bloemfontein, selon la porte-parole de sa famille, Anneliese Burgess. Et aucun témoin n'est appelé à la barre. Seuls les avocats des deux parties présenteront leurs argumentaires et répondront aux questions des cinq juges de la Cour suprême d'appel. En Afrique du Sud, la procédure d'appel s'apparente plus à la cassation française qu'à un appel proprement dit. La Cour suprême d'appel ne se prononce pas sur le fond, mais sur le droit uniquement.
Plusieurs options
De nombreuses options s'offrent aux juges. Ils peuvent rejeter l'appel. Ils peuvent aussi l'accepter et prononcer une nouvelle condamnation. Ils peuvent enfin décider de renvoyer l'affaire devant la Haute Cour pour un nouveau procès. Un dernier scénario hautement improbable, selon des sources concordantes. Le jugement pourrait être rendu la dernière semaine de novembre, « si tout se passe bien », selon le greffier du tribunal, Paul Myburgh.
Pistorius ruiné
Quelle que soit la décision de la Cour, la saga judiciaire Pistorius pourrait être loin d'être terminée : les parties peuvent encore saisir la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays, à condition d'en avoir les moyens. Pistorius, surnommé « Blade runner » (le coureur aux lames) en référence à ses prothèses en carbone, est aujourd'hui ruiné. Celui qui avait acquis une stature internationale en s'alignant parmi les valides aux JO de Londres en 2012 a perdu ses contrats publicitaires et dû vendre sa maison pour faire face à ses frais de justice faramineux.