Sclérose en plaques : vers une réparation des neurones ?

Et si on aidait les neurones à réparer les dégâts causés par la sclérose en plaques? C'est la piste explorée par des chercheurs français pour freiner la progression de cette maladie auto-immune dégénérescente, qu'on ne sait pas encore guérir.

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Par Amélie Baubeau

5 points à retenir

La sclérose en plaques touche plus de deux millions de personnes dans le monde, dont plus de 100 000 en France.

• Les traitements apparus depuis une vingtaine d'années réduisent la fréquence des poussées et améliorent la qualité de vie des patients mais peinent à enrayer la progression de la maladie.

• Plusieurs travaux ont mis en évidence l'importance de ce processus de « remyélinisation », ou régénération de la myéline, dans l'état de santé des malades.

• Une équipe de l'ICM (Institut du cerveau et de la moelle), à Paris, a identifié une molécule qui est secrétée de façon plus importante par les patients à faible capacité de remyélinisation. Une cible thérapeutique intéressante.

• Les tests se font pour le moment in vivo, avant de passer à des études chez l'animal puis à des essais chez l'homme, un parcours qui prend en moyenne 10 ans.

Tout savoir…

« Le défi thérapeutique dans la sclérose en plaques, c'est de prévenir la progression du handicap, et une des voies pour y parvenir, c'est la réparation de la myéline », la gaine des fibres nerveuses, que la maladie détruit progressivement, explique Catherine Lubetzki, professeur de neurologie, à l'occasion de la Journée mondiale de la sclérose en plaques le 31 mai 2017.

2 millions de personnes dans le monde

La sclérose en plaques touche plus de deux millions de personnes dans le monde, dont plus de 100 000 en France et 400 000 en Europe. A l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à Paris, où la Pr Lubetzki dirige une équipe de recherche, plusieurs travaux ont mis en évidence l'importance de ce processus de « remyélinisation », ou régénération de la myéline, dans l'état de santé des malades. Dans sa forme la plus fréquente, la sclérose en plaques se caractérise en effet par des poussées inflammatoires dans le système nerveux central (cerveau et moelle épinière), suivies de phases d'accalmie, durant lesquelles la myéline se reconstitue en partie.

De nouvelles techniques d'imagerie

Mais de nouvelles techniques d'imagerie développées à l'Institut, plus précises que l'IRM, ont permis de montrer que ce « potentiel » de réparation est « très différent selon les patients », souligne Benedetta Bodini, neurologue chargée de recherche à l'ICM. « Sur une IRM classique, on voit les lésions cérébrales mais on ne voit pas ce qui se passe dans les lésions ». En injectant un traceur spécifique, qui se fixe sur la myéline, avant de réaliser une tomographie par émission de positons (ou PET scan, procédé d'imagerie médicale utilisant un produit de contraste radioactif), « on peut mesurer à quel degré la myéline est atteinte », détaille-t-elle.

Améliorer le pronostic

En comparant les images cérébrales de différents patients, prises à trois mois d'intervalle, l'équipe de chercheurs s'est aussi aperçue que ceux qui avaient une bonne capacité de régénération de la myéline allaient mieux que les autres et souffraient de moins de handicaps, ajoute-t-elle. « Cela veut dire que le jour où on aura des médicaments remyélinisants à notre disposition, on va pouvoir améliorer le pronostic des patients », espère la Dr Bodini.

Tests en cours

Première étape vers cet objectif, une autre équipe de l'ICM a identifié une molécule qui est secrétée de façon plus importante par les patients à faible capacité de remyélinisation. Cette molécule, baptisée CCL19, a fait l'objet d'un brevet début 2017. « C'est une cible thérapeutique intéressante : si on inhibe cette molécule, on pourra augmenter la réparation », a expliqué à l'AFP Violetta Zujovic, également chargée de recherche à l'ICM. Son équipe teste désormais « différents anticorps » pour déterminer lequel sera à même d'empêcher l'action de la molécule CCL19 sans provoquer trop d'effets secondaires. Les tests se font pour le moment in vivo, sur des cultures de cellules de patients, avant de passer à des études chez l'animal puis à des essais chez l'homme, un parcours qui prend « en moyenne 10 ans », prévient la chercheuse.

Des traitements depuis 20 ans

Dans la sclérose en plaques, aux formes plus ou moins sévères, le système immunitaire du malade se dérègle et s'attaque à des éléments de son propre système nerveux. Il en résulte des symptômes variés : faiblesses musculaires, troubles de l'équilibre, de la vision, du langage, voire des paralysies, qui peuvent ensuite régresser. À plus ou moins long terme, ces troubles peuvent progresser vers un handicap irréversible. Les traitements apparus depuis une vingtaine d'années réduisent la fréquence des poussées et améliorent la qualité de vie des patients mais peinent à enrayer la progression de la maladie. Certains médicaments récents, efficaces sur les patients n'ayant pas bien réagi aux traitements classiques, présentent par ailleurs des risques d'effets secondaires graves.

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