C'est un fait : en France, les équipements pour personnes sourdes et malentendantes restent très chers. On estime aujourd'hui leur coût à 1 500 euros par oreille. Dans le but de réduire ces coûts, l'Autorité de la concurrence, institution publique qui étudie le fonctionnement des marchés et lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, invite, dans une recommandation formulée le 14 décembre 2016, à différencier l'offre entre la vente d'appareils auditifs et le suivi d'un patient sourd ou malentendant.
Pouvoir choisir son prestataire
En février 2016, l'autorité publique s'était déjà penchée, dans une enquête, sur les marges trop élevées des audioprothésistes. En France, sur 6 millions de personnes malentendantes, la moitié est appareillable mais seules 2 millions d'entre elles disposent d'audioprothèses. Sur les 1 500 euros à débourser, le coût d'un appareil auditif ne représenterait que 300 à 500 euros, selon un article du Monde paru en décembre 2016. C'est donc pour faire baisser ces tarifs que l'Autorité de la concurrence recommande une séparation entre la vente de l'appareillage et le suivi de la personne malentendante, qui pourrait alors choisir son audioprothésiste pour les rendez-vous prévus pendant 5 ans. Ce nouveau modèle économique devrait permettre plus de transparence et, donc, plus de concurrence entre les prestataires.
Profession trop sélective ?
Pour établir durablement une véritable concurrence et réduire le coût de ces équipements, l'organisme recommande par ailleurs de faciliter l'accès aux études d'audioprothésistes et d'élargir ainsi le numerus clausus de la profession. En juillet 2015, un arrêté ministériel avait limité à 199 le nombre d'élèves pouvant être admis chaque année au sein de la formation. Du côté de l'Unsaf (Syndicat national des audioprothésistes), on estime pourtant que ce nombre est suffisant pour assurer un bon maillage du territoire sans délai d'attente pour l'obtention d'un rendez-vous. Cette organisation professionnelle déplore par ailleurs que ces conclusions « exclusivement guidées par une approche de consommation » ne visent la « privatisation du système de santé ». Elle appelle les pouvoirs publics à « maintenir l'audioprothèse dans le champ de la santé dans l'intérêt des patients ».
Suite à ces constats, et aux recommandations formulées en décembre 2016, l'Autorité publique s'apprête à faire part de ses préconisations au Gouvernement.