Rentrée 2023 : trop d'élèves handicapés sur le carreau?

"Zéro enfant privé de rentrée". La même ritournelle, chaque année, des milliers d'enfants handicapés n'ont pas accès à une scolarisation adaptée, déplore l'Unapei. Selon son indicateur interne, 23% n'ont "aucune heure de scolarisation" par semaine.

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Par Vanessa Carronnier

"Malheureusement, trop d'enfants en situation de handicap seront encore privés de rentrée et leurs droits à l'éducation sont bafoués", a dénoncé le 29 août 2023 dans un communiqué Luc Gateau, président de l'Unapei. Le nouveau ministre de l'Education nationale (ndlr : Gabriel Attal) doit agir et vite." Pour évaluer l'ampleur du problème, cette fédération dédiée aux personnes avec un handicap mental a mené une étude auprès d'un échantillon de 2 103 enfants accompagnés par ses antennes locales, dans six régions en France. Résultat : 23% n'ont "aucune heure de scolarisation" par semaine, 28% entre 0 et 6 heures, 22% entre 6 et 12 heures et 27% bénéficient de plus de 12 heures d'enseignement hebdomadaire. Elle a également réalisé une enquête auprès des Français (via Opinionway) ; plus de 8 sur 10 jugent "inacceptable" la scolarisation partielle d'un enfant. Autre association, l'Apajh déplore à son tour un "triste marronnier" avec de "nombreux jeunes, parents et professeurs démunis", appelant à un "changement de paradygme".

Des classes non adaptées

Les enfants handicapés scolarisés se retrouvent en outre parfois dans une classe "non-adaptée" à leurs besoins, regrette l'Unapei. C'est le cas par exemple de Noah, huit ans, atteint de troubles autistiques. Après quatre ans d'attente pour une place en classe Ulis, spécialisée dans l'accueil d'élèves handicapés, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) l'a orienté vers un institut médico-éducatif (IME). Mais, faute de place, il entrera en septembre en CE1 en milieu ordinaire. "Nous sommes frustrés, parce qu'il est jeune et c'est à cet âge qu'il peut apprendre", déplore auprès de l'AFP sa mère, Julie, 41 ans, qui vit près de Nantes. "Nous avons fait plein de démarches, on nous fait attendre et à chaque fois c'est la déception". Pour elle, les enfants handicapés sont "oubliés de la société".

La lourdeur administrative

Caroline Poinas, 39 ans, déplore également "la lourdeur administrative" pour tenter d'obtenir pour la première fois une place en classe Ulis pour son fils de huit ans, qui a des troubles de l'attention. Elle a fait un recours en mai, après avoir essuyé un refus. "On attend, on ne sait toujours pas pour la rentrée, c'est surtout stressant pour lui", souligne-t-elle. L'Unapei a recueilli sur un site dédié, marentree.org, 880 témoignages de familles concernées par différentes difficultés pour la rentrée.

"Une priorité du gouvernement"

"L'école pour tous est une priorité du gouvernement", a assuré de son côté la ministre déléguée aux Personnes handicapées, Fadila Khattabi. Elle souligne la nécessité de "concentrer" les "efforts" sur "la qualité de l'accompagnement", en renforçant notamment "la présence des professionnels du médico-social dans les murs de l'école". Fin avril 2023, lors de la Conférence nationale du handicap (CNH), le gouvernement avait également annoncé un projet pilote de déploiement d'une centaines d'instituts médico-éducatifs au sein d'écoles. Sonia Ahéhéhinnou, vice-présidente de l'Unapei, redoute un "effet d'annonce" ; "on attend de voir comment ce sera financé et mis en oeuvre". Elle estime qu'il faudrait d'abord mettre en place un observatoire afin d'évaluer les besoins pour "calibrer correctement les modalités de scolarisation et d'accompagnement".

Nombre d'AESH en hausse

Ces dernières années, le nombre d'enfants handicapés accueillis à l'école a progressé ; ils seront plus de 430 000 en cette rentrée 2023, soit 34 % de plus qu'en 2017, selon le ministère des Personnes handicapées. Le nombre d'accompagnants d'élève en situation de handicap (AESH) a également augmenté de 42 % depuis 2017. Ils seront ainsi environ 136 000 à la rentrée. "Un AESH c'est indispensable pour mon fils mais il faut qu'il arrive à bien comprendre son trouble autistique", commente Delphine Garreau, 47 ans. Elle déplore le manque de liens entre l'accompagnant et la famille de l'élève ainsi que l'absence de formation spécifique. Cette technicienne d'atelier dans l'aéronautique espère que son fils sera accompagné par la même personne que l'an dernier pour sa rentrée en 4ème en milieu ordinaire, après des années de scolarité hachée.

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