Cynthia Edom coiffe, maquille, masse, manucure, pomponne… Elle n'est pourtant pas esthéticienne mais… socio-esthéticienne ! La différence tient en une valeur importante : l'amélioration de l'estime de soi des bénéficiaires. Cette spécialité implantée en France dans les années 1970 a d'abord investi le domaine médical avant de se déployer plus récemment dans le champ social et médico-social. Pour tout comprendre de ce métier encore en mal de reconnaissance, Handicap.fr a suivi Cynthia dans sa tournée.
Aide-soignante de formation
Cette aide-soignante de formation intervient à l'hôpital psychiatrique de Neuilly-sur-Marne, près de Paris. « J'ai constaté assez vite, avant d'être socio-esthéticienne, que les patients étaient sensibles à la revalorisation de soi, par le biais de ces soins, raconte-t-elle. J'ai donc décidé de me former ». D'abord un CAP puis une spécialisation dans un centre de formation dédié et la voilà désormais en blouse blanche, « équipée d'un badge comme n'importe quel soignant » et d'un vanity rempli non pas de médicaments, mais de vernis à ongles et de crèmes pour le corps.
Renarcissiser les patients
Durant 30 minutes à 1 heure, les patients de « l'unité 68 » déposent leurs souffrances sur le fauteuil de Cynthia et se laissent bichonner, au gré de leurs souhaits : les ongles pour les uns, la coiffure ou un massage du visage pour les autres. « En psychiatrie, les patients ont un regard sur eux différent, parfois modifié par certains troubles (c'est ce qu'on appelle 'la dysmorphophobie', ndlr) ou parce que les médicaments, avec les effets secondaires, les ont fait grossir, précise Marine Cantavenera, cadre de santé. C'est donc important de les renarcissiser et de regagner leur confiance ». « Avec Cynthia, je me trouve belle, j'apprends à m'aimer », s'enthousiasme Sandrine, une patiente.
Un métier éprouvant mais enrichissant
Comme n'importe quel soignant, Cynthia sait qu'elle exerce un métier « dur, parfois éprouvant », qui nécessite « des soupapes de décompression à l'extérieur de l'hôpital ». Mais pour rien au monde elle ne changerait d'activité : « On entend souvent les patients dire que c'est un soin qui agit comme une poudre magique et ça, c'est la meilleure des récompenses ».
© Clotilde Costil