L'hémicycle a fait le plein le 4 juillet 2017. Édouard Philippe y déroulait son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale. Pendant une heure quinze, un catalogue de mesures ont été annoncées ou confirmées et, parmi elles, la revalorisation « dès 2018 » de l'allocation adulte handicapé (AAH), actuellement à 810.89 euros à taux plein, ainsi que du minimum vieillesse, conformément à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron. « Nous simplifierons les procédures pour les titulaires de droits sociaux qui souvent, par désespoir ou ignorance, ne les réclament plus », a par ailleurs déclaré le Premier ministre.
AAH à 900 euros
Dans sa feuille de route, publiée le 3 juillet 2017, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait inscrit « un revenu décent assuré pour tous avec des minima sociaux plus simples ». Elle prévoit « une augmentation ciblée du montant de la prime d'activité dès 2018, puis la revalorisation des montants du minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé à 900 euros ». Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap l'avait, elle aussi, annoncé devant le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) quelques jours auparavant (article en lien ci-dessous). En préambule de son annonce devant les députés, Edouard Philippe avait déclaré : « Nous serons tous ici, tous, jugés sur la façon dont nous nous comportons avec les plus faibles. Pas seulement pour changer le regard que la société porte sur eux, sur le handicap, sur les personnes âgées, sur les plus pauvres, mais aussi pour reconnaître tout ce que nous pouvons recevoir d'eux. »
Et les autres ?
L'augmentation de l'AAH avait été, lors de la campagne, l'objet de toutes les enchères entre les candidats : + 90, + 100, + 200, égale au SMIC. Depuis son accession au pouvoir, c'est d'ailleurs l'une des rares mesures concrètes évoquées par le nouveau gouvernement en matière de handicap (à part le 4ème plan autisme qui sera annoncé par le chef de l'Etat le 6 juillet à l'Elysée). Comme un symbole qui cristallise les attentes d'un million de bénéficiaires, même si son montant restera en dessous du seuil de pauvreté évalué à environ 1 000 euros en France. Mais qui ne doit pas occulter d'autres situations financières complexes, voire critiques, qui n'ont, pour le moment, fait l'objet d'aucune promesse. Quid de la revalorisation de la pension d'invalidité, de la désindexation de l'attribution de l'AAH des revenus du conjoint, de la réévaluation de la prestation de compensation du handicap (PCH) ? Pas à l'ordre du jour ! Ce sont pourtant des sujets « vitaux » sur lesquels il semblera difficile de faire l'impasse dans les cinq ans à venir…
Handicap : une des priorités
Edouard Philippe a pourtant rappelé, comme l'avait fait le candidat Macron, que les personnes en situation de handicap constitueraient « une des priorités du quinquennat » -à noter que ses prédécesseurs (Fillon, Valls, Ayrault) n'avaient jamais ou à peine mentionné le handicap dans leur discours de politique générale-. Il appelle « à une mobilisation nationale (…) sous l'impulsion du président de République et la conduite de la secrétaire d'Etat ». « Les personnes en situation de handicap et celles qui les accompagnent ont droit à la solidarité nationale, a poursuivi le Premier ministre. Elles ont besoin de bien plus encore, et elles peuvent nous apporter davantage. Un enfant handicapé scolarisé, ce n'est pas simplement une histoire d'argent ni même de justice, c'est une chance pour l'ensemble de ses camarades. Une entreprise ou une collectivité territoriale qui embauche plutôt que de payer une taxe, c'est une communauté de travail plus forte et plus motivée. » Il prévient tout de même : « Les moyens ne pourront pas être illimités mais l'énergie que nous y mettrons ne sera pas comptée ». Le discours d'Edouard Philippe sur le handicap a été abondamment applaudi, de façon presque unanime par l'ensemble des groupes politiques. Reste malgré tout à savoir comment le « cadeau » de l'AAH, dont le montant est estimé à 100 millions d'euros, sera financé dans la mesure où il manque 8 milliards pour boucler le budget 2018.
D'autres annonces sur le volet santé…
La sécurité sociale
Edouard Philippe a également voulu « rassurer les Français sur le futur de la Sécurité sociale », le « patrimoine de ceux qui n'en ont pas ». Il observe un « système mal coordonné », « la répartition entre urgence et consultation, entre soins de ville et soins hospitaliers pas optimale ». La prévention sera le pivot de la stratégie nationale de santé discutée à l'automne.
Vaccination obligatoire
Des maladies que l'on croyait éradiquées se développent à nouveau sur notre territoire. Des enfants meurent de la rougeole aujourd'hui en France. « Dans la patrie de Pasteur ce n'est pas admissible ». L'an prochain, les vaccins pour la petite enfance, qui sont unanimement recommandés par les autorités de santé, deviendront obligatoires.
Paquet de tabac à 10 euros
Chaque année le tabac en France entraine plus de 80 000 décès. C'est la première cause de mortalité évitable, et la consommation quotidienne de tabac augmente chez les adolescents. « Ne rien faire est exclu. Nous porterons progressivement le prix du paquet de cigarettes à 10 euros en luttant sans merci contre les trafics qui minent cette politique de santé autant qu'ils fragilisent ceux qui respectent la loi. »
Les déserts médicaux
La ministre de la Santé prépare, pour le mois de septembre 2017, un plan de lutte contre les déserts médicaux en bonne intelligence avec les collectivités territoriales et les acteurs du monde de la santé. « En la matière, la télémédecine offre des opportunités formidables. Nous les favoriserons. »
Reste à charge sur aides auditives
Pour « rompre le cercle vicieux du renoncement aux soins », le Premier ministre promet par ailleurs la mise en place de nouvelles offres de soin sans reste à charge concernant l'optique, les soins dentaires et les aides auditives, d'ici la fin du quinquennat.