See connaîtra-t-elle le succès de Game of thrones, qui faisait déjà la part belle aux personnages en situation de handicap (article en lien ci-dessous) ? « See » comme « Voir ». Cette série épique, écrite et produite par Steven Knight et réalisée par Francis Lawrence, se déroule dans un futur lointain après que l'humanité a été détruite par un virus. Seuls quelques hommes ont survécu, qui ont tous perdu la vue. Dans ce monde post-apocalyptique, il leur a fallu trouver d'autres façons d'interagir, de chasser, de construire, tout simplement de survivre. Jusqu'au jour où, quelques siècles plus tard, la femme de Baba Voss (incarné par Jason Momoa, dont on a pu repérer l'impressionnante musculature dans Alerte à Malibu ou encore dans Game of thrones où il incarne le chef d'une tribu barbare) met au monde des jumeaux qui ont la faculté de voir. Consciente de la menace et persuadée qu'il s'agit de sorcellerie, une reine puissante met tout en oeuvre pour détruire cette tribu.
Savoir filmer la cécité
Cette série prometteuse, diffusée sur la toute nouvelle chaîne Apple TV+, est disponible depuis le 1er novembre 2019 dans plus de 100 pays et zones géographiques. Le quatrième épisode s'accompagne d'un making-of sur les coulisses du tournage, qui explique la difficulté de mettre en scène des personnages aveugles. Les équipes ont travaillé avec Joe Strechay, consultant malvoyant pour la cécité, qui avait déjà collaboré pour les séries Daredevil et The OA pour Netflix. Pour assurer la crédibilité d'une société façonnée par des personnes aveugles, il a été conseillé par la communauté malvoyante. « Il y avait des aveugles, tardifs ou de naissance. Nous avions un biologiste de l'évolution, un spécialiste de la survie, des scientifiques qui discutaient simplement de ce à quoi ressemblerait le monde avec une civilisation considérablement réduite… Comment ce monde serait organisé en raison de la cécité des survivants », explique le producteur délégué Francis Lawrence. Ces groupes de réflexion ont prêté main-forte pour créer des vêtements et des constructions réalisables par des aveugles et aider les acteurs à adopter des déplacements, gestes et comportements crédibles. Par ailleurs, pour rendre les scènes de combat réalistes, il a fallu repenser les cascades et les chorégraphier différemment. « Nous avons écouté Joe, qui était notre guide (...). Nous ne voulions pas que ces personnages soient définis par leur handicap mais par leur volonté de survivre, leur passion, leur héroïsme. », ajoute Dan Shotz, scénariste.
Un casting inclusif
Quant au casting, même si les têtes d'affiche sont bien voyantes, il s'est largement ouvert à des comédiens atteints d'un handicap visuel. « Il y avait un environnement accessible et propice à l'inclusion comme je ne l'avais jamais vu dans une production télévisée », confie Joe Strechay au site IndieWire. Sur le tournage, dans les territoires pourtant vierges et isolés de Colombie-Britannique, ils ont pu bénéficier d'un accompagnement adapté à leur handicap, facilitant la communication avec le réalisateur et les acteurs.
Un nouvel épisode de See sera mis en ligne chaque semaine, tous les vendredis. Le n°5 est disponible sur la plateforme de streaming de la marque à la pomme le 15 novembre. La saison 1 compte 8 épisodes ; une seconde est déjà signée. Avec 29 millions de vue, sa bande-annonce augure-t-elle d'un succès fracassant ? A ce titre, See pourrait-elle ouvrir la voie à des productions plus inclusives ?