« J'attendais à l'accueil et, lorsque le manager et la RH sont venus me chercher, ils se sont arrêtés, m'ont regardée, se sont regardés entre eux, j'ai compris que c'était mort. » Bernadette Dumont-Jabberi, en situation de handicap moteur suite à une malformation congénitale, a écumé les entretiens d'embauche durant plus de deux ans, envoyé plus d'une centaine de candidatures et essuyé autant de refus. À la fin, un découragement et un constat : « Près de 70 % des refus sont en fait liés à la discrimination, à la peur d'embaucher une personne en situation de handicap. »
Une série vidéo spéciale SEEPH
Désormais parfaitement intégrée dans un nouveau poste au sein du groupe TF1, la quadragénaire s'exprime dans une série vidéo signée Handicap.fr, publiée à l'occasion de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH), du 17 au 23 novembre 2025 (SEEPH 2025: à quand l'égalité pour toutes et tous en emploi?). À travers des témoignages intimes et sans filtre, cette collection met en lumière les discriminations encore trop fréquentes, mais aussi les parcours de réussite et d'engagement. Découvrez-les sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr !
Le sentiment de devoir prouver davantage
Malgré des parcours solides, diplômes en poche et expériences à la clé, Jean Deynous, Bernadette, Virginie Dubost, Kubra Nour et Virginie Delalande se sont heurtés au cours de leur carrière à des préjugés persistants dès l'étape du recrutement. Un CV impeccable ne suffit pas toujours à franchir les portes d'un entretien lorsque le handicap, souvent fantasmé, mal compris ou redouté, supplante l'évaluation objective des compétences. Certains témoignent de refus explicites, d'autres de silences embarrassés ou d'arguments « sortis du chapeau ». Tous décrivent un même sentiment : celui de devoir prouver davantage, de justifier encore et toujours leur légitimité, là où leurs pairs « valides » n'en ont pas besoin.
Des excuses « sorties du chapeau »
Pour les personnes présentant un handicap visible, notamment moteur, les obstacles s'accumulent : des ascenseurs inexistants, « des marches partout »… S'ajoutent à cela des excuses logistiques d'accessibilité imparfaite, de prétendues difficultés d'organisation, de manque d'adaptation. Ces raisons fallacieuses sont invoquées pour masquer un malaise plus profond : celui de la méconnaissance ou de la peur. Néanmoins, les expériences professionnelles des actifs en situation de handicap ne sont pas toujours teintés d'échecs. Jean Deynous, le premier témoin de cette série, raconte par exemple qu'il a pu bénéficier de multiples dispositifs d'accompagnement, dont Cap emploi, et reçu un accueil très favorable.
Matching entre compétences et mission
Si la discrimination décourage, elle ne parvient donc pas à briser la détermination de celles et ceux qui témoignent. Ils expliquent combien leur entourage, leurs pairs ou même leur communauté en ligne deviennent des appuis essentiels. Pour que les pratiques évoluent durablement, la clé réside dans une conviction : un recrutement réussi repose avant tout sur le matching entre compétences et mission, jamais sur le handicap. Les entreprises engagées le démontrent : avec des managers formés, des politiques RH volontaristes et une culture inclusive, l'emploi des personnes handicapées peut progresser. Pour rappel, le taux de chômage des personnes handicapées s'élève à 12 %, un chiffre en baisse mais qui reste toutefois deux fois supérieur à celui de la population générale (7 %), selon l'Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans le secteur privé (Agefiph) (Handicap: 12 %, un taux de chômage au plus bas depuis 8 ans).
© Clotilde Costil
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