Handicap : Cluzel favorable à des assistants de vie sexuelle

Sophie Cluzel s'est déclarée, le 9 février 2020, "favorable à l'accompagnement de la vie sexuelle" des personnes handicapées par "des assistants", un "sujet tabou" sur lequel elle a saisi pour avis le Comité consultatif national d'éthique.

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Par Elisabeth Rolland

"Je suis très favorable à ce qu'on puisse accompagner (la) vie intime, affective et sexuelle" des personnes handicapées, a indiqué Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, lors du "Grand Rendez-vous" Europe 1/CNews/Les Echos, le 9 février 2020, à deux jours de la Conférence nationale du handicap (CNH) que doit présider Emmanuel Macron. "Tout l'enjeu de la façon dont je mène ma politique, c'est de remettre les personnes handicapées en pleine citoyenneté, dans le respect et la dignité", y compris "le droit à une vie intime, affective et sexuelle", a-t-elle souligné.

Santé sexuelle : facteur de bien-être

En recourant à des assistants sexuels, il ne s'agit pas "d'ouvrir un réseau de prostitution, cette question est totalement ridicule, à côté de la plaque"a-t-elle assuré. Des "assistants de vie sexuelle existent déjà en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse. Allons voir comment ont été formées ces personnes", a-t-elle préconisé. Des services d'accompagnement sexuel existent également en Allemagne et au Danemark. Ce sujet est "tabou dans notre société, c'est pour ça que j'ai saisi le Professeur (Jean-François) Delfraissy, président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE)", a expliqué Mme Cluzel. La veille, le 8 février, elle a adressé au Pr Delfraissy un courrier, où elle juge "aujourd'hui indispensable de rouvrir la réflexion éthique en abordant le sujet de l'assistance sexuelle avec une vision renouvelée", selon des extraits parus dans Le Journal du Dimanche"Sans aucune solution adaptée", certaines personnes handicapées sont "condamnées à vivre dans une abstinence (sexuelle) non choisie", alors que "la santé sexuelle fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans son ensemble", souligne-t-elle en citant l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Société plus mûre

Saisi en 2012, le CCNE n'avait pas donné de feu vert à la mise en place d'aidants sexuels, que certaines associations souhaitaient voir autorisés en France. "Il n'est pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain", avait considéré le Comité dans son avis. "La complexité de ce qui y est mis en jeu nous oblige à entendre les questions dérangeantes sur la dignité, la vulnérabilité, et les limites de ce qui est éthiquement acceptable", avait-il noté, jugeant "difficile d'admettre que l'aide sexuelle relève d'un droit-créance". Mais depuis 2012 "la société a mûri", "c'est un vrai sujet de société", a estimé Mme Cluzel. Cité dans Le Journal du Dimanche, le Pr Delfraissy relève également que "la société française évolue et le regard posé sur le handicap aussi". Les personnes handicapées "nous ont dit 'Nous souhaitons pouvoir être accompagnées dans notre vie intime et sexuelle'", a poursuivi Mme Cluzel, ajoutant prudemment : "Je ne préconise rien puisque je saisis le Pr Delfraissy". "Quoi qu'il se passe, cela nous fera faire un bon en avant colossal dans la bien-traitance des personnes, dans le recueil de leurs désirs, de leurs attentes, dans la façon de les regarder différemment, non plus comme des objets de soins, mais bien comme des sujets de droits", a conclu Sophie Cluzel.

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