DERNIERE MINUTE DU 27 AVRIL 2022
Le 27 avril 2022, Nagaenthran K. Dharmalingam, condamné pour trafic d'héroïne à Singapour, a été mis à mort au petit matin, a déclaré à l'AFP sa soeur Sarmila Dharmalingam, après une longue bataille juridique et malgré une tempête de critiques internationales. "Il est incroyable que Singapour ait procédé à l'exécution malgré les appels internationaux à épargner sa vie", a-t-elle déclaré, depuis la Malaisie. "Nous sommes extrêmement attristés par l'exécution de notre frère et la famille est en état de choc".
"Erreur judiciaire" ?
Reprieve, une ONG qui fait campagne contre la peine de mort, a déclaré que M. Nagaenthran était "victime d'une tragique erreur judiciaire". La pendaison d'un homme handicapé mental "est injustifiable et constitue une violation flagrante du droit international auquel Singapour a choisi de souscrire", a déclaré la directrice de l'association, Maya Foa.
ARTICLE INITIAL DU 26 AVRIL 2022
Nagaenthran K. Dharmalingam avait été arrêté en 2009, à l'âge de 21 ans, avec une petite quantité d'héroïne (43 grammes) à son entrée dans la cité-Etat d'Asie du Sud-Est dont les lois en matière de stupéfiants sont parmi les plus sévères au monde. Après le rejet de recours successifs, les autorités ont programmé son exécution le 27 avril 2022. Mais dans une dernière tentative, la veille, sa mère a tenté de persuader le tribunal de suspendre la pendaison.
"Situation désespérée"
"Je veux mon fils vivant, c'est pour cela que je suis là. Nous sommes dans une situation désespérée", a dit Panchalai Supermaniam devant la cour d'appel, via un interprète. Elle a dénoncé un conflit d'intérêts, soulignant que la plus haute autorité judiciaire de Singapour, qui a rejeté les précédents appels pour son fils, était aussi le chef du parquet quand il avait été condamné. Mais Andrew Phang, le juge principal d'un panel de trois juges, a écarté ce motif, le considérant "peu sérieux" et le décrivant comme une simple tentative de reporter la pendaison. Plusieurs membres de la famille M. Nagaenthran qui étaient présents devant la cour ont pleuré et ont agrippé la main du condamné à travers une étroite ouverture de son box. Le condamné à mort de 34 ans a gardé son calme et a demandé un moment avec sa famille.
Conscient de ses décisions... ou pas ?
Ses soutiens soulignent qu'avec un QI de 69, un niveau reconnu comme un handicap mental, il n'était pas capable de bien comprendre les conséquences de ses décisions. Son exécution prévue initialement en novembre 2021 a déclenché de nombreuses protestations, de l'Union européenne au milliardaire britannique Richard Branson. Mais les autorités ont considéré qu'il était conscient de ses actes au moment des faits. Dans une interview avec l'AFP le 26 avril, Richard Branson, qui fait campagne contre la peine de mort, a appelé la présidente de Singapour, Halimah Yacob, à faire preuve de clémence. En mars, Singapour avait repris les exécutions après une pause de plus de deux ans, avec la pendaison d'un trafiquant de drogue. D'autres exécutions pourraient suivre après celle de M. Nagaenthran...