Handicap.fr : Jean-Michel Blanquer a dévoilé le 29 août son programme pour la rentrée scolaire 2017. Y-a-t-il vraiment du nouveau par rapport à 2016 en ce qui concerne les élèves en situation de handicap ?
Sophie Cluzel : Le droit à l'éducation est un droit fondamental et celui des élèves en situation de handicap une priorité du quinquennat. Ainsi, la rentrée 2017 s'inscrit dans cette priorité ; le nombre d'élèves en situation de handicap scolarisés cette année progresse de 7,5% pour atteindre 300 815. Il a donc fallu engager des moyens, prévus en amont grâce au comité de pilotage mis en place très tôt avec Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale. Concrètement, le nombre d'accompagnants a été renforcé pour être en accord avec les accompagnements notifiés par les MDPH qui ont augmenté de 10 à 12%.
Un des principaux changements concernent également le nombre d'Ulis (Unité locale d'inclusion scolaire) créés, plus de 45 Ulis école et plus de 140 dans le second degré. Enfin, les nouvelles mesures portées par le ministre de l'Éducation nationale comme le dédoublement des classes de CP, le dispositif « devoir-fait » ou l'assouplissement des conditions de redoublement ne pourront qu'améliorer les conditions de scolarisation des élèves en situation de handicap.
H.fr : 8 068 emplois sont créés pour accompagner les élèves en situation de handicap. Ce nombre suffira-t-il à couvrir tous les besoins ?
SC : Nous avons, en priorité, évalué les besoins. Le comité de pilotage a permis de chiffrer les moyens à mettre en œuvre pour couvrir ceux des 156 000 élèves avec notifications MDPH pour le jour de la rentrée. Il faut environ 80 000 accompagnants, et beaucoup d'entre eux sont déjà en poste. C'est sur les recrutements nouveaux qu'il y a des problèmes de logistique. Une fois la rentrée scolaire finie, nous entamerons, avec Jean-Michel Blanquer, un vaste chantier de rénovation de l'accompagnement afin de pouvoir retravailler un statut pérenne de l'accompagnant.
H.fr : Comment l'Éducation nationale a-t-elle pu recruter aussi rapidement tant de personnes ? Seront-elles toutes en poste dès le jour de la rentrée ?
SC : Tout d'abord, il y a beaucoup d'élèves en situation de handicap qui n'ont pas besoin d'accompagnement mais feront leur rentrée en intégration individuelle ou dans des dispositifs inclusifs comme l'Ulis notamment. En plus des recrutements mis en place dès le mois de juin par les services académiques, nous avons travaillé avec les maisons de Pôle emploi. Alors tous les AVS ne seront peut-être pas présents le jour de la rentrée pour des questions logistiques mais à J+1, 2 ou 3. Ce que je peux affirmer, c'est qu'aucun enfant ne sera laissé devant les grilles de l'école.
H.fr : Le gouvernement a réitéré que la baisse des contrats aidés n'impacterait pas l'accompagnement des enfants en situation de handicap. Pourtant certaines associations ne se sentent pas vraiment rassurées par ces annonces...
SC : Je tiens à rassurer les élèves et leur famille. Tout a été mis en œuvre pour que le nombre de contrats aidés pour accompagner les élèves en situation de handicap soit maintenu. Ils ont été sanctuarisés : 50 000 contrats aidés et 30 000 contrats AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap). Une grande partie des contrats aidés a donc été renouvelée. Cette approche va s'accentuer encore en 2018. Elle montre la volonté du ministère de l'Éducation nationale de pérenniser ces emplois.
H.fr : Vous avez affirmé que chaque enfant qui a une notification aura une AVS à la rentrée. Certains parents décortiquent les chiffres et redoutent que leur enfant ne soit en effet bien pris en charge mais seulement quelques heures par semaine. Ont-ils des raisons d'être inquiets ?
SC : Ce n'est pas uniquement qu'une question quantitative et budgétaire. Nous avons fait un travail colossal en 3 mois pour avoir une rentrée digne et efficace pour les élèves. Un dispositif qui sera amélioré, je le réaffirme encore pour la rentrée 2018, qu'on va préparer dès le mois de septembre.
H.fr : Les chiffres prennent-ils bien en compte les AVS individuelles ou aura-t-on davantage recours aux AVS mutualisées comme c'est déjà le cas dans certains établissements ?
SC : L'évaluation des besoins en matière d'accompagnement est du ressort de la MDPH. C'est ensuite au ministère de l'Éducation nationale de déployer des moyens conformes aux notifications.
H.fr : Et pour ceux qui sont en attente de notification de la MDPH car certaines demandes s'éternisent depuis des mois ?
SC : Je suis bien consciente des difficultés rencontrées par les familles. Les moyens accordés anticipent ces retards, le chantier de rénovation de l'accompagnement devra se pencher sur l'évaluation des besoins et le raccourcissement des délais d'instruction.
H.fr : Quand aura-t-on les conclusions de la concertation sur le 4e plan autisme lancé par le président Macron à l'Elysée le 6 juillet 2017 ? Un groupe de travail porte en effet spécifiquement sur l'axe scolarisation, de la maternelle à l'université.
SC : La concertation se déroulera de septembre à janvier. Il y a effectivement un groupe de travail sur le sujet de la scolarisation de la maternelle à l'université qui se réunira plusieurs fois à l'automne. Le comité de pilotage de la concertation fera aboutir les travaux du 4e plan.
H.fr : Pour tous les parents qui seraient dans une impasse le jour de la rentrée, quels recours ?
SC : Parce que le droit à l'éducation est un droit fondamental, un numéro Azur « Allo Handicap École » a été mis en place pour accompagner les familles : 0810 55 55 00 ou aidehandicapecole@education.gouv.fr