Attendue depuis des mois, la Stratégie de lutte de contre la pauvreté a été rendue publique par Emmanuel Macron le 13 septembre 2018 (dossier de presse et article complet en lien ci-dessous). Avec pour credo, « Faire plus pour ceux qui ont moins », 8,5 milliards d'euros répartis sur quatre ans seront ainsi dédiés aux 8,8 millions de personnes touchées par la pauvreté en France. 21 mesures majeures sont annoncées qui, dès la fin de l'année 2018 et tout au long du quinquennat, seront engagées. Sans qu'elles ne concernent spécifiquement les personnes en situation de handicap, nombre d'entre elles impacteront de manière transversale ce public particulièrement exposé par la précarité, aussi bien dans le champ de l'accueil en crèche, de l'emploi, de l'éducation que des ressources.
Réactions des asso
Selon APF France handicap, cette stratégie « fait sens » ; elle salue un « signal positif » envoyé à tous ceux qui vivent dans la précarité, des mesures qui vont dans le sens des revendications de l'association et « cinq piliers intéressants » même si elle n'est « pas certaine qu'ils vont couvrir tous les besoins ». De son côté, l'Apajh (association pour adultes et jeunes handicapés) dit « partager globalement les objectifs présentés lors de ce discours » mais attend « des actes concrets allant au-delà des effets d'annonces ». Enfin, pour la Croix-Rouge française, « ce plan démontre la volonté du gouvernement de s'inscrire dans une nouvelle dynamique en renforçant la prévention et l'insertion par l'activité ».
21 mesures en détail…
1. Développer l'accueil de la petite enfance sur tout le territoire, avec un bonus dans les communes pauvres (+ 1 000 € par place de crèche et par an) et 1 300 pour l'accueil d'un enfant en situation de handicap.
2. Favoriser la mixité sociale dès les premiers pas, avec un bonus mixité dans les crèches et le tiers-payant pour le recours à une assistante maternelle, sans avance de frais (jusqu'à 2 800 € par an et par place pour 90 000 places et 75 M€)
3. Un plan de formation et un nouveau référentiel pour 600 000 professionnels de la petite enfance en lien avec les formations des professeurs du 1er degré : afin de favoriser le développement de l'enfant et l'apprentissage du langage avant l'entrée à l'école maternelle
4. Des parents accompagnés sur tout le territoire : renforcement des PMI, 300 centres sociaux supplémentaires, développement des espaces-rencontres, lieux d'accueil enfant-parent, ludothèques
5. Des réponses aux situations attentatoires aux droits de l'enfant : 125 M€ pour développer et adapter l'offre d'hébergement et d'accompagnement vers le logement des familles, maraudes protection de l'enfance/Etat dans les métropoles pour lutter contre la situation des enfants à la rue et la mendicité
6. L'accès à une alimentation équilibrée pour tous : offre de lait et alimentation infantiles à bas prix, un fonds pour proposer dans les écoles des petits déjeuners et développer l'éducation alimentaire en associant les parents, des tarifs de cantines accessibles à toutes les familles dans les petites communes fragiles
7. Une prévention accrue en santé : création de 100 centres et maisons de santé dans les quartiers prioritaires, mobilisation de la médecine de ville en milieu scolaire
8. Des moyens éducatifs renforcés dans les territoires fragiles : instruction obligatoire à 3 ans, dédoublement des classes de CP/CE1 en REP et REP +, propositions de 30 000 stages de qualité aux élèves de 3ème des quartiers, programme « devoirs faits » en lien avec les dispositifs de réussite éducative, promotion de la mixité sociale au collège, expérimentation de territoires à haute qualité éducative et création de cités éducatives
9. Une obligation de formation jusqu'à 18 ans pour assurer à tous les jeunes des compétences et mieux maîtriser leur destin
10. Un accompagnement vers l'emploi des jeunes : plus de 100 M€ consacrés à des solutions d'accompagnement vers l'emploi pour les jeunes des plus fragiles en complément d'une extension de la Garantie jeunes (500 000 bénéficiaires entre 2018 et 2022)
11. Aide sociale à l'enfance, fin des sorties sans solutions à l'atteinte de la majorité du jeune : empêcher toute sortie sans solution en articulant la protection offerte par les départements et les dispositifs de droit commun de l'État
12. Création d'une « Garantie d'activité » combinant accompagnement social renforcé et insertion dans l'emploi pour 300 000 allocataires par an : un suivi assuré par Pôle emploi dans le cadre de l'accompagnement global et par des opérateurs privés et associatifs choisis par appels d'offres commun État-département.
13. Pour les personnes exclues du marché du travail, des solutions adaptées afin de de redonner à chacun une perspective d'emploi : 100 000 salariés supplémentaires accueillis dans le secteur de l'insertion par l'activité économique grâce à un investissement exceptionnel de l'État et essaimage d'expérimentations évaluées positivement pour les personnes les plus fragiles (« Territoires zéro chômeur de longue durée », Convergence, Tapaj, SÈVE notamment)
14. Pour généraliser l'accompagnement vers l'emploi des allocataires, un État garant du service public de l'insertion : renforcement des droits et devoirs et obligation contractualisée avec les départements de réaliser sous un mois l'instruction de la demande et l'orientation de tout nouveau bénéficiaire
15. Un accès aux droits et aux services sociaux renforcés : garantir à chacun l'accès à une complémentaire santé en intégrant l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé dans la couverture maladie universelle complémentaire, généraliser les accueils sociaux et les référents de parcours pour lutter contre le non-recours, moderniser la délivrance des prestations sociales en favorisant les échanges de données entre opérateurs
16. Vers un revenu universel d'activité : lancement d'une concertation pour établir un nouveau système de minima sociaux pour rendre notre modèle plus lisible, plus équitable et plus incitatif à la reprise d'activité avec une juste prestation réactive, calculée sur la base des revenus les plus récents
17. Un « choc de participation » pour porter les politiques sociales avec les personnes concernées : généralisation des instances participatives et des comités d'usagers, renforcement de l'action collective, déploiement de nouveaux espaces de vie sociale pour lutter contre l'isolement et favoriser le lien social et culturel
18. Une rénovation du travail social pour mieux accompagner les parcours de vie : ouverture des lieux de l'intervention sociale à toute la population ; transformation des formations du travail social pour développer les pratiques « d'aller vers » les personnes, création de nouveaux diplômes universitaires et de nouveaux métiers (écrivains publics, médiateurs sociaux, développeurs sociaux)
19. Un nouvel engagement des entreprises dans la lutte contre la pauvreté : développement des actions financées selon un modèle « ni gain ni perte » pour réduire les dépenses contraintes des personnes en situation de pauvreté, création de dotations d'action territoriale à partir du régime actuel du mécénat, lancement d'assises nationales sur la contribution de l'économie collaborative à la prévention et la lutte contre la pauvreté.
20. Un pacte social État/collectivités pour piloter la stratégie à partir des territoires : création d'un fonds de lutte contre la pauvreté et d'accès à l'emploi, réorganisation de l'État social déconcentré à l'échelle régionale et définition d'un cadre de contractualisation exigeant.
21. Un fonds d'investissement social doté de 100 M€ pour financer des appels à projets sur le développement complet de l'enfant dès la petite enfance, l'accompagnement éducatif renforcé, les parcours d'insertion des jeunes et l'accès aux droits et aux services