TDAH : 79 auteurs du monde entier brisent les clichés

Origine, diagnostic, traitement... 79 auteurs des 4 coins de la planète dressent un bilan des connaissances sur le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité. Objectif : briser les préjugés sur ce trouble neurologique fréquent.

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« Les idées fausses sur le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité stigmatisent les personnes touchées, réduisent la crédibilité des professionnels et entravent/retardent le traitement », pointe la Déclaration de consensus international de la Fédération mondiale du TDAH. Publié en ligne dans la revue scientifique Neuroscience and Behavioral Reviews, le 4 février 2021, ce manuscrit (en lien ci-dessous) a été rédigé par 79 auteurs issus des six continents qui font le bilan des principaux aspects cliniques, thérapeutiques, épidémiologiques, économiques... 208 conclusions « étayées empiriquement » afin de fournir des informations précises et balayer les idées fausses sur ce trouble neurodéveloppemental qui touche 5,9 % des jeunes et 2,5 % des adultes.

Risques génétiques et environnementaux

Premier préjugé mis à mal : le TDAH n'est pas une « pathologie » moderne née aux Etats-Unis. Il fait ses premières apparitions dans la littérature médicale en 1775, en Allemagne d'abord, puis en Angleterre, faisant état de difficultés de concentration et d'impulsivité. Dans la plupart des cas, ce trouble, plus fréquent chez les hommes, est le résultat d'effets combinés de nombreux risques génétiques et environnementaux (tabagisme, consommation d'alcool durant la grossesse, naissance prématurée, exposition au plomb ou à d'autres toxines, maltraitance, malnutrition précoce sévère, etc.). Le TDAH est effectivement héréditaire, les gènes influent fortement sur son développement. D'autre part, les personnes concernées sont plus à risque d'obésité, d'asthme, d'allergies, de diabète sucré, d'hypertension artérielle, de troubles du sommeil, de psoriasis, d'épilepsie, d'infections sexuellement transmissibles, d'anomalies de l'œil, de troubles immunitaires ou encore de troubles métaboliques.

Diagnostic complexe

« Le diagnostic ne peut pas se baser seulement sur des échelles d'évaluation seules, des tests neuropsychologiques ou des méthodes d'imagerie cérébrale », expliquent les auteurs du rapport. Le TDAH ne peut être décelé que par un clinicien formé qui interroge le parent ou le tuteur et/ou le patient afin de rechercher les critères du trouble : symptômes hyperactifs-impulsifs et/ou inattentifs présents depuis au moins six mois « à un niveau inapproprié par rapport au développement », qui se manifestent dans différents milieux (domicile, école...) et « entraînent une forme de handicap » au quotidien, a fortiori s'ils sont associés à d'autres troubles (« dys », conduite d'opposition, anxiété...). Enfin, les symptômes doivent s'être déjà manifestés durant la petite ou moyenne enfance. Il convient également de réaliser un diagnostic différentiel qui élimine les autres causes qui pourraient expliquer une agitation, un défaut d'attention, etc. « De nombreux chercheurs tentent de développer des tests informatisés ou biologiques basés sur des informations sur le comportement, le cerveau et/ou la constitution génétique du patient », révèlent les auteurs, espérant qu'à l'avenir ces tests permettront de diagnostiquer le trouble et prédire une approche personnalisée du traitement.

Des traitements « partiellement efficaces »

Ce trouble complexe nécessite une prise en charge multimodale impliquant une hygiène de vie saine, une approche psychothérapeutique et psychoéducative ainsi qu'un traitement adapté. Si les médicaments ne permettent pas de « guérir » le TDAH, ils peuvent significativement réduire les symptômes afin d'améliorer le fonctionnement du cerveau et d'accéder à son plein potentiel. Concrètement, ils visent à booster la concentration et l'attention, réguler les émotions, renforcer la maîtrise des gestes et du comportement... Selon les auteurs du rapport, les effets indésirables sont généralement bénins et peuvent être réglés en changeant la dose ou le médicament. « Nous avons de bons traitements mais même les meilleurs ne sont que partiellement efficaces, déplorent-ils. L'avenir du traitement du TDAH comprendra de nouveaux médicaments actuellement en développement et une base de preuves plus solides pour de nouvelles pistes non médicamenteuses. »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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