Handicap.fr : « Start your impossible », la campagne autour des JO de Toyota, inonde le monde (article en lien ci-dessous) !
Sébastien Grellier : Oui, c'est une première mondiale. La même campagne est déclinée dans 27 pays, de façon strictement identique, avec les mêmes films et les mêmes images. L'intérêt, c'est de passer un message de communication fort et uniforme autour des valeurs de challenge et de respect qui sont l'un des 5 piliers de notre marque et proches de celles du sport.
H.fr : Dans vos spots, pas de discriminations, les athlètes handisport figurent en bonne place.
SG : Notre credo c'est : « Une meilleure mobilité pour tous. Ça fait partie de notre ADN. Le monde est fait de possibilités infinies. Même s'il n'y a pas de route. Même si vous n'avez pas de jambes. Même si vous ne pouvez pas voir. Car, lorsque l'on est libre de bouger, plus rien n'est impossible. » L'idée, plus globale, étant de prôner une société plus inclusive. C'est ce qui a motivé la refonte de notre stratégie d'entreprise. Le constructeur de voiture né en 1936 se transforme pour devenir un fournisseur de mobilité sous toutes ses formes et pour tous.
H.fr : Cela concerne donc les personnes handicapées ?
SG : Évidemment, comme les personnes âgées à travers des solutions de mobilité personnelles, qui, pour certaines, seront présentées début mars sur le Salon de l'auto de Genève. Cela fait 80 ans que Toyota construit des voitures mais nous savons que, pour les 50 ans à venir, la question de la mobilité doit être repensée au sens large.
H.fr : Est-ce une particularité Toyota ou cette vision est-elle partagée par l'ensemble des constructeurs auto ?
SG : Oui, elle est partagée par la plupart d'entre eux. Nous ne devrons plus vendre seulement des voitures mais proposer des services de mobilité comme l'autopartage, la mobilité connectée…
H.fr : Un exemple ?
SG : Oui, les concepts I-Drive, dotés d'un outil d'intelligence artificielle qui permet de comprendre les émotions du conducteur. Dans 5 à 10 ans, on va inventer des produits qu'on n'imagine même pas aujourd'hui.
H.fr : Quels sont les outils de mobilité développés par Toyota plus spécifiquement dédiés aux personnes handicapées ?
SG : Ou aux personnes âgées car, notamment au Japon, le vieillissement de la population est devenu un véritable phénomène de société. Cela fait 20 ans qu'on s'intéresse à cette question et que le public dit « à mobilité réduite » est intégré dans nos recherches. Nous mettons par exemple au point un robot d'assistance personnel qui peut ramasser un objet ou servir un verre d'eau mais également des petits véhicules individuels qui permettent de se déplacer plus facilement, voire de retrouver sa mobilité. Je pense ainsi à notre exosquelette Exo-Wheel ou encore à notre fauteuil iBOT, un assistant personnel polyvalent qui peut non seulement monter et descendre les escaliers mais permet surtout à son occupant de se redresser et d'adopter, littéralement, une nouvelle perspective.
H.fr : C'est donc un marché d'avenir ?
SG : Très clairement, cela va dans le sens de l'histoire dans tous les pays occidentaux. Ce qu'on appelle « MaaS ou mobility-as-a-service » (la mobilité conçue comme un service) représente 5% du chiffre d'affaires de Toyota aujourd'hui ; il attendra 30 à 40% d'ici 10 ans. C'est une véritable révolution, et si on ne va pas dans cette direction, on se fera manger par les intégrateurs de mobilité, au risque pour nous, constructeurs automobiles, d'être réduits à des vendeurs de « boites à chaussures ». La valeur ajoutée de demain ne sera plus uniquement la voiture mais également ce qu'elle permettra de faire.
H.fr : Le coût des outils de mobilité pour les personnes handicapées est prohibitif ; le fait que de grands constructeurs se saisissent de ce marché peut-il, à terme, faire baisser la facture ?
SG : Aujourd'hui, nous n'en sommes qu'au stade des prototypes mais il est évident que cela aura un impact sur les prix. Je vais vous donner un exemple. Notre entité dédiée au sport automobile, à Cologne (Allemagne), met son savoir-faire au service de la conception de prothèses destinées à un champion paralympique. A terme, ce type d'innovation pourra rejaillir sur l'ensemble des personnes concernées, avec des produits beaucoup plus abordables.
H.fr : Toyota est l'un des top partenaires de Jeux et soutient à la fois les JO et les para. C'est une première ?
SG : En effet, en tout cas sur le volet « mobilité ». Jusqu'à maintenant, il y avait un constructeur auto sur les JO et un autre sur les Para. Pour nous, il était primordial de nous associer aux deux évènements, en les traitant sur le même plan pour accompagner notre vision stratégique d'une meilleure mobilité pour tous.
H.fr : Ce partenariat, pour combien de temps ?
SG : Conclu en 2015, il débute à Pyeongchang 2018 et se poursuit jusqu'au 31 décembre 2024, englobant ainsi les Jeux de Paris.
H.fr : Avec l'objectif d'accroître la visibilité des Jeux paralympiques qui, malgré des progrès significatifs depuis une décennie, restent le parent pauvre ?
SG : C'est très clairement ce que l'on souhaite. Je suis certain qu'avec Tokyo 2020 on va franchir une étape supplémentaire, avec un traitement et une prise en compte inédits des Jeux paralympiques. Cette visibilité devra aussi se confirmer à l'occasion de Paris 2024, en France.
H.fr : Le 28 février, Toyota France organise sa soirée de lancement du partenariat olympique et paralympique et présente son team français…
SG : Oui, 24 athlètes au total dans un maximum de disciplines, une vingtaine. Il y a 12 valides et 12 para, dont les multi-médaillés Marie-Amélie Le Fur, Michaël Jérémiasz ou Élodie Lorandi.
H.fr : C'est un hasard ?
SG : Non, l'équité était une condition sine qua non.
H.fr : Soutenez-vous des athlètes présents aux Jeux para d'hiver de Pyeongchang qui débutent le 9 mars 2018 ?
SG : Oui, deux d'entre eux s'apprêtent à s'envoler pour la Corée. Ce sont Maxime Montaggiani, para snowboardeur, et Benjamin Daviet en ski para nordique.
H.fr : Quels avantages pour eux ?
SG : Les soutenir dans leur préparation sportive mais également mettre à leur disposition un véhicule adapté à leur handicap. Lors de cette soirée, nous remettons également à Emmanuelle Assmann, présidente du Comité paralympique et sportif français, les clés de son véhicule hybride, à la fois adapté (ndlr : elle est paraplégique) et respectueux de l'environnement.