Schizophrénie, prise de sang pour choisir le bon traitement?

Une simple prise de sang pour choisir le traitement le plus efficace pour soigner un patient atteint de schizophrénie ? Le Prix Marcel Dassault 2016 récompense Nicolas Glaichenhaus pour ses travaux qui visent une réponse personnalisée en psychiatrie.

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Peut-on imaginer que, d'ici quelques années, un psychiatre pourra, sur la base d'une simple prise de sang, prescrire le traitement le plus approprié à ses patients atteints de troubles psychiques ? Un espoir colossal lorsqu'on sait que ces derniers touchent en France une personne sur cinq, et deviendront d'ici 2020 la première cause de handicap dans le monde. Soutenir la recherche en psychiatrie est plus que jamais une priorité pour mieux comprendre les causes et les mécanismes de ces maladies, mieux connaître les facteurs de risque environnementaux et favoriser le développement d'innovations diagnostiques et thérapeutiques. Pour la 5e année, la Fondation FondaMental et le Groupe Dassault s'unissent donc pour soutenir les travaux de recherche les plus prometteurs au travers du Prix Marcel Dassault pour la recherche sur les maladies mentales.

De l'immunologie à la psychiatrie

En 2016, il récompense Nicolas Glaichenhaus, professeur d'immunologie à l'Université de Nice Sophia Antipolis, pour son projet sur les patients atteints de schizophrénie. 600 000 personnes sont concernées en France. « Il y a quatre ans, je travaillais avec mes souris sur l'asthme, explique-t-il, mais la Fondation Fondamental m'a mis le pied à l'étrier et convaincu de travailler sur ce sujet. » En effet, de nombreux traitements sont aujourd'hui disponibles pour les patients atteints de schizophrénie. Cependant, les médecins ne disposent pas de marqueurs pour choisir la stratégie thérapeutique la plus efficace. Pourquoi impliquer un immunologue sur ce type de recherche ? Parce qu'au cours des vingt dernières années, il a été démontré que le système immunitaire, qui nous aide à combattre les agressions extérieures, comme les infections ou les stress, jouait un rôle essentiel dans le déclenchement des troubles psychotiques ou participait à leur développement (article en lien ci-dessous).

Un algorithme de prédiction

Ainsi, en collaboration avec deux mathématiciens, en traitant les données immunologiques et cliniques, Nicolas Glaichenhaus espère pouvoir développer un algorithme de prédiction permettant au psychiatre d'identifier, sur la base d'une simple prise de sang, le traitement qui aura le plus de chance d'être efficace pour son patient. « Il existe déjà des tests de cette nature actuellement commercialisés pour la polyarthrite rhumatoïde », explique le chercheur. Pour mener ses recherches, il a eu accès à 332 patients présentant un premier épisode psychotique et jamais traités auparavant suivis dans les Centres experts de la Fondation FondaMental. Il a mesuré les molécules de l'inflammation produites par les cellules de l'inflammation (cytokines) dans leur sérum, avant et après traitement par un antipsychotique de première ligne appelé Amisulpride. L'ensemble des données a été analysé et a permis de générer une première version d'un algorithme mathématique qui permet de prédire si un patient répondra ou non à ce traitement. Fiable à 75 % ! « L'appli qui pourrait en découler permettrait alors au médecin traitant de proposer une réponse immédiate à son patient, à la vue de son profil sanguin », explique Nicolas Glaichenhaus.

Une portée plus large encore…

Les résultats préliminaires s'avèrent encourageants mais le pouvoir de prédiction de l'algorithme reste encore insuffisant. Les recherches doivent donc se poursuivre avec d'autres cytokines, d'autres volontaires, à différents stades de la maladie. Ces travaux pourraient également aider les psychiatres à identifier parmi les patients présentant un épisode dépressif, ceux qui sont unipolaires (uniquement dépressifs) ou ceux qui sont bipolaires (qui présentent des épisodes de dépression ou de manie). « Nous pourrions également appliquer cet algorithme pour savoir si les patients qui répondent au traitement risquent de développer des effets secondaires », explique Nicolas Glaichenhaus. Les 300 000 euros accordés par le prix Marcel Dassault vont permettre de poursuivre ces travaux d'envergure. « Avec peut-être une mise en œuvre de ce procédé d'ici 4 ans », conclut le chercheur.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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