Doit-on craindre le virus Zika en France ? La directrice régionale de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) en Europe, Dr Zsuzsanna Jakab, semble le penser puisqu'elle appelle à la plus grande vigilance pour éviter tout risque de contamination. Ce virus qui, selon l'OMS, serait à l'origine de malformations congénitales, microcéphalies (taille anormalement réduite du crâne) et troubles neurologiques touche, depuis le premier semestre 2015, une quinzaine de pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Sa prolifération constitue, selon le Dr Jakab, « une urgence de santé publique internationale et exige une réponse unie ». Elle le définit comme un « événement extraordinaire » et une menace pour la santé publique de portée mondiale. Un comité d'urgence s'est réuni sur ce sujet le 1er février 2016. Trois à quatre millions de cas seraient attendus dans la zone en 2016. Après des premiers cas en Guyane et Martinique fin 2015, l'épidémie a été officiellement déclarée dans ces départements français à la mi-janvier. D'autres ont été repérés en Guadeloupe et à Saint-Martin.
Un risque en Europe ?
La combinaison d'une large répartition géographique des espèces de moustiques qui peuvent transmettre le virus, l'absence d'immunité et le manque de vaccins et de tests diagnostiques rapides et fiables laissent craindre que Zika se propage à l'échelle mondiale. Si des dizaines de touristes européens ont été contaminés par le virus lors de leurs déplacements, le moustique tigre qui le transmet (Aedes aegypti) n'a pas été pour l'instant repéré dans l'Union européenne. L'OMS « exhorte donc les pays européens à agir de manière coordonnée pour contrôler les moustiques, y compris en impliquant les populations pour éliminer les sites de reproduction et en planifiant d'épandre de l'insecticide et de tuer les larves ». Même si ce risque de propagation semble faible en hiver, il n'en sera pas de même avec l'arrivée du printemps et de l'été, dans la mesure où ce moustique peut s'adapter à tous les climats chauds.
Et les femmes enceintes ?
Parce qu'on suppose que les femmes enceintes sont particulièrement exposées - pour l'OMS, le lien entre le virus et l'explosion de cas de microcéphalie est « fortement suspecté, bien que non prouvé scientifiquement » -, les pays européens sont « instamment priés » de mener des campagnes d'information sur la prévention du risque. Un page dédiée a d'ailleurs été mise en ligne par le Gouvernement français (en lien-ci-dessous). Les femmes enceintes ou qui envisagent une grossesse doivent prendre des précautions supplémentaires pour se protéger contre les piqûres de moustiques. Elles peuvent également consulter les autorités sanitaires locales si elles se rendent dans une région où la transmission du virus Zika est en cours. Celles qui ont été exposées au virus doivent bénéficier de conseils et être suivies jusqu'à la naissance de leur enfant puisque le Zika peut entraîner, dans certains cas, et surtout si la mère est contaminée lors des trois premiers mois de la grossesse, de graves malformations du fœtus.
Le Brésil dans la tourmente
En Amérique latine, les cas de microcéphalie et d'anomalies du développement cérébral se sont multipliés lors d'épidémies de Zika, et notamment au Brésil (article complet en lien ci-dessous). Le gouvernement colombien a même conseillé aux couples d'éviter les grossesses dans les mois à venir et celui du Salvador pour une période de deux ans. Plusieurs pays, dont les États-Unis et la France, déconseillent aux femmes enceintes de se rendre dans les pays touchés. Des complications neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré, maladie auto-immune se traduisant par une faiblesse voire une paralysie progressive des membres ont par ailleurs été décrites au Brésil et en Polynésie française.
Pas de restriction sur les voyages
Sur la base des preuves disponibles, l'OMS n'impose pas de restriction aux voyages mais, par mesure de prudence, encourage les gouvernements nationaux à émettre des recommandations envers leurs propres populations, après avoir évalué les données disponibles et les facteurs de risque locaux. Les personnes qui voyagent dans des zones à haut risque doivent se protéger des piqûres de moustiques en utilisant des répulsifs, porter chemises et pantalons à manches longues de couleur claire et veiller à ce que les chambres soient équipées de moustiquaires. Ces mesures doivent être appliquées tout au long de la journée. Les autorités sanitaires sont invitées à collaborer avec le secteur des transports pour assurer la désinsectisation des avions en provenance des zones touchées.
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