Après avoir neutralisé le convoi de l'Airbus A 380 dans le Gers le 21 août 2018 (article en lien ci-dessous), ils s'en prennent, le 11 septembre, à la cimenterie du groupe Lafarge à Toulouse. Tout un symbole pour protester contre les mesures prises à l'encontre des personnes handicapées dans la construction neuve. Il a suffi de cinq fauteuils roulants et trois paires de jambes pour bloquer l'accès à l'usine de 8h30 à 13h (vidéo en lien ci-dessous). Devant les grilles, ils scandent, à l'intention d'Emmanuel Macron, « Laisse béton ».
90 % de logements
Par ces actions musclés, nombreuses et répétées -ils bloquent aussi régulièrement les péages-, les militants des associations du CIAH 31 exigent le retrait de l'article 18 de la loi ELAN (Loi pour l'évolution du logement et aménagement numérique) validé par les députés qui prévoit de réduire de 90 % (les sénateurs proposent, quant à eux, 70 %) la production d'appartements neufs en rez-de-chaussée ou desservis par ascenseur qui seront accessibles, immédiatement habitables sans travaux, aux personnes contraintes de se déplacer en fauteuil roulant (article en lien ci-dessous). Depuis des mois que cet projet de loi est au cœur de la polémique, le goût est amer alors qu'Emmanuel Macron avait assuré vouloir faire du handicap l'une des priorités de son quinquennat. Quand certains tentent de régler la situation dans les hémicycles (Sénat et Assemblée), sans grand succès à ce jour, d'autres préfèrent occuper le terrain pour faire entendre leur voix. Des actions spectaculaires qui ont l'avantage de mobiliser tous les medias.
Un article contesté
« En bloquant l'accès à Lafarge Bétons, gros point d'alimentation en ciments et bétons des chantiers de l'agglomération toulousaine, nous bloquons la construction de toute la région », explique Odile Maurin, présidente de Handi-social. Elle assure que c'est la Fédération française du bâtiment (FFB) qui est à l'origine de la rédaction de cet article contesté par l'ensemble du milieu associatif du handicap, mais aussi de nombreuses instances officielles comme le Défenseur de Droits, le Conseil de l'Europe ou la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme. Handi-social poursuit : « Parce que cette fédération a su influencer le gouvernement à nos dépens pour maximiser ses profits, nous nous attaquons et attaquerons à l'économie de la construction, par tous les moyens, tant que cet article n'est pas retiré. » Elle invite les personnes handicapées qui refusent ce principe de quotas à mener des actions similaires et appelle les « élus de bonne foi à engager un recours auprès du Conseil constitutionnel ».
Le collectif prévient : « Ce n'est que la suite, pas la fin, des manifestations de notre colère. Et on sera de plus en plus nombreux. ».