Charte CSA : les médias embauchent le " handicap " !

Une charte pour favoriser la formation et l'insertion professionnelles des personnes handicapées dans le secteur audiovisuel vient d'être signée. Le CSA entend, ainsi, mettre fin au " scandale " de leur invisibilité à la télé.

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Dans le salon panoramique du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), au premier rang de l'assistance, il y a Philippe Croizon, l'une des rares personnes handicapées qui apparait à l'écran, en l'occurrence dans une chronique mensuelle pour le Magazine de la santé. Si l'on considère qu'en France 10 % de la population vit une situation de handicap, il devrait en être proportionnellement de même à la télé. Un petit écran miroir de la diversité de notre société ! Or, selon l'édition 2013 du baromètre de la diversité du CSA, il apparait que, sur les 1500 heures de programmes passées au crible, seules 0,4% des personnes avaient un handicap visible ou exprimé.

Des personnes handicapées « à la source »

« Ce constat est inacceptable », de l'aveu même du président du CSA, Olivier Schrameck : le handicap est sous-représenté. Une minorité d'invisibles ! Alors pour enrayer cet état de fait, il devient peut-être judicieux de régler le problème à la source de la production médiatique, là-même où sont fabriqués nos images, c'est-à-dire dans les écoles supérieures de l'audiovisuel et au sein des chaînes de télé. Introduire de la diversité en coulisse pour qu'elle finisse par filtrer à l'antenne ! Et pour cela : développer l'accessibilité des établissements d'enseignement aux métiers de l'audiovisuel, encourager l'accueil d'étudiants handicapés et faciliter l'accès à l'emploi des personnes handicapées dans les entreprises de communication audiovisuelle.

Une nouvelle charte

C'est l'ambition de la nouvelle « Charte pour l'insertion des personnes handicapées dans l'audiovisuel » signée le 11 février 2014 en présence de la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti. Selon elle, « le monde des medias est mobilisé », qu'ils soient radio, télé, établissements d'enseignement du secteur de l'audiovisuel (écoles de journalistes, de l'image et du son et de comédiens). Cet engagement s'inscrit dans les actions de l'Observatoire de la diversité créé par le CSA, qui milite pour rendre visibles toutes les formes de diversités dans les medias.

Les grandes chaînes dans la course

Selon Mémona Hintermann, journaliste et présidente de cet Observatoire, « l'audiovisuel a le pouvoir de changer la société mais, selon les directeurs de chaînes, ils ne pouvaient pas embaucher de personnes handicapées car ils n'avaient pas « ça » dans leur vivier ! Alors on s'est dit qu'on allait les former. J'ai appelé les écoles une à une. La première m'a répondu : « On va vous suivre ». Ca m'a donné du courage même si la question pouvait sembler délicate. Respecter la personne humaine est aussi important pour le CSA que de s'occuper des enjeux financiers ». France Télévisions et les plus grandes chaines de télé et de radio ont d'ores-et-déjà adhéré à ce dispositif.

Les actions mises en œuvre seront rassemblées dans le rapport sur l'accessibilité des programmes et la représentation du handicap que le CSA adresse chaque année au CNCPH (Comité national consultatif des personnes handicapées). Un comité de suivi se chargera de dresser un bilan annuel.

Des associations de PH impliquées

Ceux qui s'impliquent en faveur des personnes handicapés sont eux, aussi, mobilisés. Cette charte est soutenue par l'association Arpejeh, qui s'engage en faveur des élèves et étudiants handicapés. Un numéro de l'Onisep « Pourquoi pas moi ? » sera prochainement consacré aux métiers des médias. Retour d'images qui milite pour l'accessibilité de l'audiovisuel est également partie prenante. Quant à l'Agefiph et au Fiphfp, une rencontre est prévue pour accompagner la mise en œuvre de cette charte.

Et les personnes handicapées mentales ?

Mais question posée à l'issue de cette signature : ce plan d'action fera-t-il également une place aux personnes handicapées mentales et pourrait-on, d'ici peu, voir par exemple une personne trisomique animer une chronique à l'antenne ? On sait à quel point leur spontanéité est parfois bien plus efficace que les plus ambitieux discours. Ce à quoi Ménona Hintermann répond : « Pourquoi pas ? Faut se lancer ! ». On se souvient de la prestation de la charmante Eléonore qui avait investi le plateau du Grand Journal (Canal +) lors de la Journée nationale de la trisomie 21. Mais un jour dans l'année saurait-il suffire ?

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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