Ergothérapie vient du grec « ergon » qui signifie « activité ». Elle se définit par l'éducation, la rééducation, la réadaptation ou encore la réhabilitation. C'est par le biais de mises en situation de la vie quotidienne (soins personnels, travail et loisirs) et d'exercices spécifiques que l'ergothérapeute organise une thérapie visant à améliorer les capacités d'agir et les compétences, individuellement ou en groupe. Plus souvent appelé « ergo », c'est un professionnel de la santé (et non pas du médico-social). A ce titre, tout comme le kiné, c'est un auxiliaire médical soumis au code de santé publique et au code de déontologie des médecins. Son expertise est validée par trois années d'études dans des écoles spécialisées et agréées. C'est une profession extrêmement encadrée et un titre parfaitement protégé.
Une longue histoire
L'ergothérapie est née début du XX° siècle en Amérique du Nord, sous l'influence de médecins psychiatres. L'influence des guerres mondiales, couplée à un programme de développement de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), favorise l'émergence de cette profession en France dans les années 50. Mais il faut attendre vingt années de plus pour que l'on commence à considérer le contexte environnemental et social de la personne comme facteur de santé. Les médecins ne suffisent pas toujours à faire face à l'afflux de demandes en soins et préfèrent alors déléguer certaines tâches. L'ergothérapie prend, enfin, toute sa dimension...
Du nourrisson à la fin de vie
Etre ergothérapeute, ça signifie s'occuper de qui ? De tout le monde, du nouveau-né à la personne en fin de vie. Il intervient dès qu'un trouble dans la réalisation des activités apparait. Environ 15 % des interventions concernent les enfants et 25 % les personnes âgées. Le reste prend en charge des adultes, pour certains atteints de handicaps lourds mais aussi de troubles plus légers. Le métier reste le même qu'il soit pratiqué à domicile ou en établissement. Seul le terme pour définir le « client » change ! Il est tour à tour client en libéral, patient à l'hôpital, résident en maison de retraite ou usager en centre de rééducation.
Seulement 7 % en libéral
Seulement 7 % des ergothérapeutes exercent en libéral. Les 93 % restants sont salariés de centres de rééducation, d'hôpitaux ou d'associations. Ils sont néanmoins souvent amenés à intervenir au domicile des patients comme dans le cas des MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), des unités Alzheimer ou, pour les enfants, des Sessad (services de soins à domicile). La vocation première de l'ergothérapie est en effet de permettre à chacun de rester chez soi ou d'y retourner le plus rapidement possible après avoir fait une expertise de son lieu de vie.
Une pratique en pleine expansion
Aujourd'hui, la profession connaît un essor important lié, entre autres, au vieillissement de la population, à l'augmentation de l'espérance de vie, à l'émergence de nouvelles pathologies (troubles de l'apprentissage, autisme, maladie d'Alzheimer, maladie rares...) et au développement des technologies médicales. Selon le fichier de l'Adéli, dans lequel s'enregistrent tous les professionnels de santé, on dénombre, au 1er janvier 2013, 8 640 (chiffres 2012) ergothérapeutes sur le sol français, soit une densité de 14 pour 100 000 habitants. Une proportion qui a, certes, doublé depuis une dizaine d'années mais qui ne suffit plus à répondre à la demande. Les centres de formation ne désemplissent pas. Il n'y a, heureusement, pas de numerus clausus, comme pour les médecins, pour limiter le nombre de postulants. Ce sont les Conseils régionaux qui donnent leur agrément et établissent leur propre quota en fonction de leurs besoins. Or certaines régions doivent faire face à une véritable pénurie.
Une profession à la mode
« Globalement, explique Eric Trouvé (lire édito en lien), président de l'ANFE (Association nationale française des ergothérapeutes), la tendance, depuis quatre ans, c'est une véritable explosion du nombre de places en formation. Pour vous donner une idée, en France, la première école a ouvert en 1954. En 2009, on comptait neuf instituts de formation. Et, aujourd'hui, nous en sommes à dix-neuf. » Il est lui-même directeur d'un centre à Tours qui a ouvert ses portes en 2012. Comment expliquer ce succès ? « Je crois que les autres professions de santé ont enfin pris conscience de notre potentiel. Les plans de santé publique ont confirmé cette nécessité et conforté le recrutement. » L'ergothérapeute serait-il en train de devenir le spécialiste qu'on s'arrache, comme ce fut le cas il y a quelque temps avec le psy, ou plus récemment avec l'ostéopathie ?