Journée mondiale de la SEP : la recherche avance...

La journée internationale de la sclérose en plaques (SEP) a lieu le 31 mai 2017; l'occasion de revenir sur les avancées de la recherche. Jean Pelletier, chef de service à l'hôpital de La Timone (Marseille) et spécialiste de la maladie, fait le point

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Q : Quels sont les principaux symptômes de la sclérose en plaques (SEP) et que savons-nous aujourd'hui ?
Jean Pelletier : La SEP touche plus de 100 000 personnes en France et débute plus particulièrement chez les jeunes femmes entre 20 et 30 ans. C'est une maladie inflammatoire du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) qui provoque des troubles visuels, de la sensibilité et d'autres troubles moteurs tels que des problèmes d'équilibre ou de marche… Elle peut causer de nombreux handicaps et séquelles.

Q : Quelles en sont les causes ?
JP : Elles restent inconnues. Plusieurs facteurs sembleraient impliqués : susceptibilité génétique, facteurs environnementaux (notamment le tabagisme et la carence en vitamine D), et d'autres facteurs infectieux tels que le virus de la mononucléose infectieuse.

Q : Où en sommes-nous des traitements et des essais cliniques ?
JP : Les avancées ont été considérables et ont permis de ralentir l'évolution de la maladie ces dernières années. Aujourd'hui, trois grandes pistes sont explorées : deux traitements de fond pour agir favorablement sur l'évolution de la maladie et sur le handicap, tels que des molécules pour bloquer l'inflammation responsable des poussées et de l'évolution de la maladie. Un premier médicament est attendu en 2017, qui permettra de soigner les formes progressives. D'autres traitements symptomatiques pour améliorer la qualité de vie des patients sont en cours  ; il s'agit de molécules permettant d'agir sur la raideur, la fatigue ou les problèmes urinaires que rencontrent les patients. Le but est de trouver le traitement adéquat pour chaque patient et surtout de « verrouiller » la maladie pour éviter les séquelles et les conséquences sur la vie quotidienne.

Q : Le programme de recherche DHUNE, qui fédère plusieurs experts, coordonne des recherches sur les maladies neurodégénératives. Quelles sont ses avancées en ce qui concerne la SEP ?
JP : Les recherches fondamentales de DHUNE portent sur trois axes. D'abord, la compréhension des mécanismes de destruction de la myéline (substance blanche de la moelle épinière et du cerveau, surtout constituée de lipides) par une étude du dialogue qui s'établit entre les neurones et les cellules qui la forment, et des mécanismes qui contrôlent l'assemblage de la myéline. Ensuite, l'impact de la démyélinisation sur l'immunité des patients par l'étude du dialogue entre les cellules nerveuses et les cellules immunitaires lors de ces processus. Les chercheurs qui s'en occupent ont développé des techniques innovantes d'imagerie pour visualiser la dynamique de ces interactions cellulaires. Et, enfin, la compréhension du processus de régénération de la gaine de myéline afin de favoriser ce processus de réparation spontanée qui existe chez certains patients et de proposer de nouvelles pistes thérapeutiques. Les recherches cliniques sont orientées vers l'imagerie afin de mieux appréhender les mécanismes impliqués dans la maladie (inflammation, démyélinisation, neurodégénérescence) à partir d'appareils d'IRM. Ces approches de recherche sont associées au réseau PACASEP et au Centre de recours et de compétences SEP (CHU Timone).

Q : Quels sont les essais cliniques en cours et à venir ?
JP : Il y en a plusieurs en cours, notamment sur la re-myélinisation ; un médicament issu de cette approche est disponible actuellement en France, en Autorisation temporaire d'utilisation, à base de vitamine B à forte dose. Il a prouvé qu'il était possible d'améliorer l'état des patients.

Q : Des conseils à donner aux patients et à leur entourage ?
JP : Il est important de diagnostiquer au plus tôt la maladie et de commencer à la traiter le plus tôt possible pour éviter les séquelles. Les patients ont souvent du mal à en parler. Il faut les aider à relativiser car ce n'est pas obligatoirement une maladie grave ! Leur expliquer qu'on peut vivre avec cette maladie de façon normale, les inciter à accepter le traitement sur le long terme, notamment de par son rôle préventif. Le soutien des familles, des conjoints et des aidants est primordial pour la bonne prise en charge de la maladie.

Q : Que vous apporte le programme DHUNE dans l'avancée de la maladie ?
JP : Le programme et son approche pluridisciplinaire englobant recherche académique, clinique, préclinique, différents pôles hospitaliers, industriels du secteur, patients et associations de patients nous permet d'avoir des collaborations nationales et internationales fructueuses, une meilleure compréhension des pistes à explorer et un aboutissement plus rapide des molécules explorées.

Q : Quelles sont les actualités à venir concernant la SEP ?
JP : À Marseille, à l'occasion de la journée mondiale dédiée à cette maladie, le hall de l'hôpital La Timone accueillera un stand d'information avec une patiente experte pour répondre aux questions, ainsi qu'une exposition photo, intitulée SEP'As ce que vous croyez, destinée à améliorer la connaissance du grand public sur la maladie et ses symptômes invisibles. Cette journée sera suivie de celle de la Maison de la SEP à Marseille le 2 juin 2017. Par ailleurs, les membres de DHUNE, en association avec le master de neurosciences et le programme doctoral Neurosciences intégratives et cliniques (ICN) d'Aix-Marseille Université, organiseront d'ici la fin de l'année 2017, une conférence scientifique sur la sclérose en plaques.

© DHUNE

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