Mauvais gestes au travail : trop de facteurs de handicap

En France, les troubles musculo-squelettiques sont considérés comme la première maladie professionnelle, et coûtent 980 millions d'euros par an. Un chiffre qui pourrait être diminué si les entreprises prenaient en compte l'ampleur du phénomène.

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En 1936, déjà, Charlie Chaplin mettait en scène, dans Les temps modernes, des conditions de travail délétères, une grande pression exercée sur les employés ainsi que des troubles psycho-sociaux qui commençaient à apparaître. Depuis, les troubles musculo-squelettiques à caractère professionnel (TMS-CP) ont fait leur chemin. Aujourd'hui, ils s'immiscent dans toutes les professions. Considérés comme la première maladie professionnelle, ces troubles représentent 10 à 12 millions de journées de travail perdues en France, tous secteurs confondus,  et près d'un milliard d'euros de frais couverts par la cotisation sociale par an. En 2016, le phénomène était au cœur des interventions lors du Congrès des ostéopathes, qui s'est tenu du 11 au 13 novembre à Paris.

Un nouveau fléau

« Le thème des troubles musculo-squelettiques s'est imposé à nous parce que ces pathologies atteignent une ampleur inégalée, explique Michel Sala, président de l'Association française des ostéopathes (AFO), expert sur cette question. Ils sont source de désorganisation majeure sur les plans personnel et professionnel et affectent un nombre très important de salariés, impactant de ce fait leur performance au travail. »

Tous secteurs confondus

Les TMS, qui touchent généralement les articulations, affectent surtout le haut du corps : épaules, coudes, poignets, cervicales… Mais les lombaires et les genoux peuvent également être touchés. À l'origine de ces maux, de multiples facteurs: plateformes vibrantes, écrans, froid ou bruit, mauvais éclairage, contraintes mécaniques ou tout autre dispositif générant des mouvements à répétition… « Il faut également prendre en compte des facteurs psychosociaux tels que la relation avec ses supérieurs ou l'éventuelle insécurité de l'emploi, qui peuvent appuyer ces troubles », souligne Michel Sala.

L'importance du relationnel

« Les contraintes sociales sont même plus délétères et engendrent la plupart du temps des dépressions, poursuit le spécialiste. De cette façon, quelqu'un qui répète les mêmes mouvements mais qui reste épanoui dans son travail ne développera pas forcément de TMS. Si le contenu du travail est valorisant, par exemple, cela posera moins de problème ». D'autres facteurs individuels tels que l'âge, le sexe ou l'état de santé global peuvent contribuer à fragiliser l'employé. « C'est ce qu'il faut comprendre : les TMS sont multifactoriels », ajoute M. Sala. D'où l'importance de former le personnel pour prévenir la pathologie, au lieu de penser à un traitement en premier lieu.

Mieux éduquer le personnel

Pour M. Sala, la solution se trouve dans « l'éducation » des salariés. Aujourd'hui, des centres d'apprentissage bénéficient de l'intervention d'ostéopathes spécialisés, proposent des formations adaptées aux futurs professionnels. « Adopter une bonne position doit passer par un minimum d'éducation, affirme M. Sala. Les personnes doivent comprendre que leur corps ne peut pas s'adapter à toutes les postures. Un poste de travail peut être utilisé par tout le monde, mais il faut penser à l'aménager et à améliorer les conditions de travail qui vont avec ». Adapter l'outil de travail aux conditions physiques de la personne, mettre en place un rythme de rencontres pour donner les bonnes informations sur les positions à adopter : voici des mesures simples mais efficaces qui devraient permettre d'éviter de se retrouver confronté à ces pathologies. « C'est seulement à partir de là que l'on voit disparaître les TMS, explique Michel Sala. Sinon, à long terme, le salarié n'aura qu'une envie,  fuir le milieu qui le contraint. »

© marcinmaslowski/Fotolia

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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