Utérus artificiel pour limiter le handicap des prématurés ?

Un appareil reproduisant l'environnement d'un utérus pourrait améliorer la survie des prématurés et diminuer les risques de handicap. Il a obtenu des résultats encourageants avec des agneaux et pourrait être testé chez l'Homme d'ici 3 à 5 ans.

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Des chercheurs de l'hôpital pour enfants de Philadelphie ont conçu un appareil constitué d'une poche en plastique remplie de fluide, avec un système qui fournit de l'oxygène relié au cordon ombilical, reconstituant ainsi le milieu dans lequel le foetus évolue avant la naissance. Grâce à ce dispositif, ils sont parvenus à faire se développer pendant quatre semaines un fœtus d'agneau, animal chez qui le développement des poumons in utero est « très proche » de ce qui se passe chez les humains, rapporte l'étude, publiée le 25 avril 2017 dans la revue Nature Communications.

Sept fœtus maintenus plus de 25 jours

Les fœtus d'agneau ont été introduits dans l'appareil après 15 à 16 semaines de gestation, un stade où le développement de leurs poumons est équivalent à celui d'un foetus humain « prématuré extrême », de 23 à 24 semaines, a expliqué Alan Flake, l'un des auteurs de l'étude, au cours d'une conférence téléphonique. Sept d'entre eux ont pu y être maintenus plus de 25 jours. C'est la première fois qu'un système externe parvient à maintenir les fonctions vitales et assurer le développement d'un fœtus animal pendant aussi longtemps, souligne l'étude. Transposer ce dispositif chez les bébés prématurés extrêmes, en les y maintenant jusqu'à leur 28e semaine de « gestation », permettrait de faire chuter leur taux de mortalité de 90% à moins de 10% et le risque de séquelles, de 90% à 30%, souligne Alan Flake.

Risque de handicap à vie

Un bébé humain est considéré comme prématuré s'il naît avant 37 semaines et prématuré « critique » avant 26 semaines. La limite de viabilité du fœtus est estimée à 22-23 semaines de grossesse. Mais, en dépit des progrès des soins de néonatologie, la mortalité à ce stade, où le bébé pèse moins de 600 grammes, reste très élevée (50% à 70%). Et, lorsque l'enfant survit, cela « se fait à un coût élevé en termes de qualité de vie, avec 90% de risque de séquelles, telles que des maladies pulmonaires chroniques ou des complications liées à l'immaturité des organes », qui se traduisent par « un handicap à vie », ajoute le communiqué de presse accompagnant l'étude.

Des essais chez l'homme d'ici 3 à 5 ans

Aujourd'hui, les grands prématurés qui ne peuvent respirer de façon autonome sont intubés et mis sous respirateur artificiel, ce qui stoppe le développement de leurs poumons et les expose à des infections, explique Alan Flake. « Ces enfants ont un besoin urgent d'un relais entre l'utérus de leur mère et le monde extérieur », plaide le spécialiste de chirurgie fœtale. Les chercheurs doivent approfondir leurs tests chez l'animal avant d'envisager de passer à des essais chez l'homme, d'ici « trois à cinq ans », a-t-il toutefois prévenu. Si l'agneau est adapté pour étudier le développement des poumons, il l'est beaucoup moins pour estimer le risque d'hémorragie intra-crânienne, l'une des principales complications chez les très grands prématurés car leur cerveau est mature plus tôt que celui des fœtus humains.

© M.Y.O.P pour SOS Préma + ivan kmit/Fotolia

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