Paris, 01 mars 2013 (AFP)
Par Isabelle TOURNÉ
Ce rapport affirme que l'échéance de 2015 prévue dans la loi doit à tout prix être maintenue, mais ses propositions ne font pas l'unanimité parmi les associations.
La loi handicap de 2005 a prévu de rendre accessibles aux personnes handicapées d'ici au 1er janvier 2015 les transports et tous les bâtiments recevant du public.
Or la France "ne sera pas au rendez-vous", constate, à moins de deux ans de l'échéance, la sénatrice socialiste Claire-Lise Campion dans un rapport remis vendredi à Jean-Marc Ayrault. "Beaucoup de choses ont avancé et continuent à avancer (...). D'ici 2015, il faut soutenir cette dynamique, mais en même temps le constat est que la France entière n'y sera pas", a-t-elle dit à la presse, à sa sortie de Matignon.
"L'insuffisance de l'impulsion politique n'a pas permis de mobiliser les acteurs de terrain", affirme notamment la sénatrice de l'Essonne, qui avait été chargée en septembre par le Premier ministre de faire un état des lieux de l'accessibilité et de réfléchir aux solutions pour la faire avancer.
Le retard s'explique aussi par les coûts financiers significatifs de la mise en accessibilité des bâtiments, commerce et voiries, qui n'ont pas toujours été bien évalués, ou les délais nécessaires à l'ensemble des travaux, qui n'ont pas été bien appréciés.
Certains progrès sont "tangibles", par exemple pour les logements neufs: entre 84% et 99% seraient accessibles.
Côté transports, "les avancées sont perceptibles dans les grandes villes, grâce au renouvellement du parc d'autobus et à la réalisation de lignes de tramway, en général accessibles", souligne le rapport.
"Malgré ces avancées, le chemin à parcourir d'ici 2015 n'en reste pas moins considérable", estime la sénatrice. Par exemple, "si les 63 lignes de bus parisiennes sont accessibles, seules 89 des 274 lignes de banlieue le sont".
"Un report déguisé de l'échéance"
Elle se dit toutefois convaincue de la nécessité de maintenir l'échéance de 2015, estimant qu'un report serait "une erreur".
Elle avance pas moins de 40 propositions pour "réussir 2015". La première d'entre elles concerne la mise en place d'"agendas d'accessibilité programmée", définissant le coût des travaux nécessaires, et dont la durée de mise en oeuvre pourrait s'inscrire dans une fourchette de 3 ou 4 ans, pouvant être reconduits 2 ou 3 ans.
Or l'Association des paralysés de France (APF) y voit un "report déguisé de léchéance de 2015". "Ce rapport propose maintenant une accessibilité pour 2022, sans sanctions financières et fiscales automatiques pour les acteurs privées et publics ne respectant pas ce délai !", a-t-elle déploré auprès de l'AFP.
Jean-Louis Garcia, président de la fédération des Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés) a à l'inverse loué dans ce rapport des "solutions réalistes" et le fait qu'il ne revienne pas sur 2015. "En effet, cet objectif est loin dêtre inatteignable", a-t-il estimé.
Parmi ses propositions, Mme Campion suggère aussi l'organisation d''états régionaux de l'accessibilité" et de faire du sujet la grande cause nationale de 2014.
"Ces propositions, pour la plupart, peuvent être faites à moyens constants", a-t-elle assuré à la presse. Certaines "nécessitent toutefois quelques moyens supplémentaires (...), ce sera au gouvernement de regarder et de voir ce qui est possible sur le plan budgétaire et financier", a-t-elle ajouté.
Selon un communiqué de Matignon, Jean-Marc Ayrault "a demandé à tous les ministres concernés de participer activement, sur la base de ce rapport, à lélaboration dun plan dactions gouvernemental qui sera validé lors du prochain comité interministériel du handicap, à la fin du premier semestre de cette année".
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