Handipub : une première !

Pour faire son entrée sur le marché français,l'opérateur mobile Simyo a choisi d'associer son image au comédien trisomique Pascal Duquenne. Le point avec Nicolas Narcisse, codirigeant de l'agence Elan, responsable de la communication de la marque

• Par

Handicap.fr : Racontez-nous votre spot ? (lien pour le voir à la fin de l'article)
NN : Un comédien au cœur d'un théâtre qui fait la promotion d'un opérateur de téléphonie mobile. Mais ce comédien a une particularité : il est trisomique. Il s'agit de Pascal Duquenne qui, en 1996, a ému et impressionné jusqu'à obtenir, avec Daniel Auteuil, le Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes pour Le Huitième Jour.

H : On parle beaucoup de votre pub dans les médias et sur le net ? Avez-vous tenté un coup médiatique ou correspond-t-elle à l'étique de la marque ?
NN : On ne va pas mentir : l'ambition d'une campagne de pub est de faire parler d'une marque. Mais nous n'avons pas choisi une personne handicapée mais un comédien avant tout, qui a le mérite d'être un porte-parole puissant parce que sympathique, populaire, proche des gens. Mais aussi différent, comme veut l'être la marque Simyo. Il fallait un spot révolutionnaire car son offre l'est aussi.

H : Qui est à l'initiative de cette idée : la marque Simyo ou est-ce une proposition de votre agence ?
NN : C'est Georges Mohamed Sherif, le patron de l'agence Buzzman qui a réalisé le spot qui a eu cette idée. Il nous a dit : « Il faudrait quelqu'un comme Pascal ! ». Mais c'était juste une piste. Mais, finalement, on n'a pas trouvé mieux. Je ne vous cache pas qu'au sein de l'agence la première réaction a été un peu frileuse. Mais c'est notre métier de « faire des coups » avec évidemment toutes les précautions nécessaires car nous ne voulions pas que cela puisse nuire à Pascal Duquenne. Or nous avons reçu un aval enthousiaste de sa maman. Elle nous a rassurés : « En Belgique, Pascal est un star, un comédien à part entière. Alors, où est le problème ? »

H : Et votre client, Simyo, comment a-t-il accueilli cette idée ?
NN : C'était un choix étonnant pour un annonceur mais l'audace de la campagne a tout de suite été comprise par la marque. Le siège de Simyo est en Hollande et ils ont vraiment une longueur d'avance en matière de prise en compte du handicap.

H : Vous n'avez jamais eu de crainte sur la manière dont allait être perçue cette campagne ?
NN : C'était un défi. Mais notre but n'était pas d'interpeller gratuitement ou de choquer. On s'attendait évidemment à rencontrer certains détracteurs mais nous sommes heureux de voir les réactions que cette campagne fait naître. Même si, encore une fois, notre vocation n'est pas de provoquer un débat sur le handicap, même s'il apparaît par ricochet, ce dont nous sommes ravis.

H : C'est un pari risqué car l'indentification du grand public à votre personnage risque d'être limitée !
NN : Nous ne souhaitons pas forcément provoquer l'identification mais plutôt l'empathie, qui est également un moteur d'achat. La différence de Pascal est intéressante car elle participe à la sympathie qu'on a pour lui. Nous avons, en préambule, réunis des panels de consommateurs pour tester le projet et toutes les réactions ont été très positives. Nous avons pu, à partir d'elles, peaufiner notre scénario : il ne fallait pas que Pascal soit isolé mais au milieu d'autres personnes, en activité, sur son lieu de travail, le théâtre.

H : Avez-vous reçu des commentaires de la part des associations de personnes handicapées ?
NN : Nous les avons sollicitées dès le début du projet (Unapei, Perce Neige...) pour leur soumettre le script. Nous n'avons rencontré aucune réticence ni aucun frein. En tout cas, personne n'a crié au scandale. D'une manière générale, nous n'avons pas beaucoup de détracteurs et les gens s'expriment favorablement sur de nombreux blogs. Nous espérons que cette campagne pourra faire évoluer les mentalités. Il y a quelques années, Benetton avait mis un jeune trisomique sur ses affiches. Nous avons fouillé dans l'histoire de la pub pour savoir si il y avait eu des précédents mais à part cette campagne, jamais une personne handicapée n'a incarné une marque commerciale.

H : Sur quels supports votre spot est-il diffusé ?
NN : A la télé, pour une dizaine de jours encore. Il y aura également une version en presse écrite, avec pour slogan : « Cet homme est différent, il ne paye ses communications que 0,19 cts la minute. »

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
Commentaires4 Réagissez à cet article

Thèmes :

 
4 commentaires

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.