C'est une première. Le Britannique Adam Pearson, 40 ans, va camper Joseph Merrick dans une nouvelle adaptation du film The elephant man. Jamais un comédien en situation de handicap n'avait incarné ce personnage emblématique de l'histoire du septième art. Atteint d'une maladie génétique qui déforme son visage, Pearson ne se glisse pas dans un rôle, il le vit.
Merrick et Pearson, 2 destins liés par la maladie et la stigmatisation
Ce rôle résonne d'autant plus fort qu'il fait écho à l'histoire personnelle d'Adam Pearson. Comme Joseph Merrick, qui a inspiré le personnage de « Elephant man », il possède un visage qui attire tous les regards. La responsable ? La neurofibromatose de type 1, une maladie génétique caractérisée par la formation de tumeurs bénignes sur les nerfs, des anomalies osseuses et des taches cutanées. Bien que Merrick ait longtemps été supposé atteint de cette maladie, des analyses posthumes ont révélé qu'il souffrait probablement du syndrome de Protée, une affection rare entraînant une croissance excessive des tissus et des malformations osseuses. Deux pathologies différentes donc, mais une même expérience de la stigmatisation et de la marginalisation. Pearson l'a confié : il se sent « intimement lié » au destin de Merrick.
Le cinéma, une histoire de famille
Au fil des décennies, ce rôle a été interprété par des grands noms comme John Hurt, au cinéma, ou encore David Bowie et Bradley Cooper sur les planches. Le scénario de cette nouvelle version a été écrit par Moby Pomerance, fils du dramaturge Bernard Pomerance, auteur de la pièce de théâtre « The elephant man » qui avait inspiré le film culte de David Lynch en 1980. Le projet est également soutenu par Eve Pomerance, fille de l'auteur, qui affirme vouloir s'éloigner d'une approche spectaculaire ou grimée du personnage. Pas de prothèses, ni d'effets visuels lourds : la mise en scène vise une représentation plus épurée, centrée sur l'humain et non le « monstre ». Le tournage est prévu pour 2026, avant une sortie en salles en 2027.
Un acteur engagé
Pearson n'en est pas à son coup d'essai. Il s'est fait connaître aux côtés de Scarlett Johansson dans Under the skin (2013) et, plus récemment, dans A different man, un thriller américain grinçant sur l'identité. Mais ce rôle de Joseph Merrick est un saut dans une autre dimension. Non pas pour susciter la pitié, mais pour imposer une autre idée du cinéma : celle où l'authenticité est une force. Pas un handicap. « Ce n'est pas un rôle à jouer, c'est une histoire à raconter. Et qui mieux qu'un concerné peut la porter ? », martèle Pearson, qui se dit « honnoré de raconter la véritable histoire de Joseph Carey Merrick ». En tant que présentateur, conférencier et militant de la visibilité des personnes handicapées dans les médias, il aborde régulièrement les questions de stigmatisation, de diversité et de représentation, aussi bien dans ses rôles que dans ses prises de parole publiques.
Réserver les rôles de personnes handicapées aux acteurs handicapés ?
Cette annonce relance ainsi un débat brûlant : faut-il réserver les rôles de personnes handicapées à des acteurs handicapés ? D'un côté, les associations militent depuis des années pour une représentation plus juste, plus visible, plus réelle. De l'autre, certains estiment qu'un acteur doit pouvoir tout incarner, du chirurgien au super-héros, sans forcément l'être dans la vraie vie. Mais, dans un secteur où les talents en situation de handicap peinent à se faire une place sous les projecteurs, le choix d'Adam Pearson est bien plus qu'un casting, c'est un signal fort.
© Instagram adampearson