Errance médicale : 1 Français sur 2 dans l'angoisse

47 % des Français ont connu une période d'errance médicale, semée d'angoisses et de frustrations. Une nouvelle étude met en exergue ses conséquences psychologiques, sociales et économiques, et explore des pistes pour en sortir.

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Au 1er plan, un sablier, au second plan, un homme patiente sur une chaise.

Consulter, attendre, repartir à zéro, douter, passer parfois pour un « fou », pour quelqu'un qui « s'écoute un peu trop », angoisser, attendre, encore et encore... Près d'un Français sur deux a été confronté à l'errance médicale, dont 30 % à titre personnel et le reste pour l'un de leurs proches. C'est ce que révèle une étude réalisée par OpinionWay pour MedInTechs en janvier 2025. Ces chiffres « traduisent la complexité d'un système de santé en pleine évolution, où le recul des maladies accompagne également un accès au diagnostic et aux soins complexes face à des demandes croissantes », estiment ses auteurs.

Les femmes en 1ère ligne

L'errance médicale désigne une période durant laquelle il est difficile d'obtenir un diagnostic clair ou des soins adaptés à sa situation de santé. Les femmes seraient particulièrement concernées (49 % contre 44 % pour les hommes), de même que les habitants des zones rurales, où l'offre de soins est parfois plus éloignée (35 % contre 25 % dans les grandes agglomérations, hors région parisienne).

L'impact sur les plans psychologique et relationnel

Cette errance entraîne une recherche prolongée de réponses et de traitements, souvent au prix d'une souffrance physique, psychologique et d'une perte de chances face à la maladie. En effet, les trois quarts des sondés craignent un impact psychologique ou relationnel, tandis que 47 % éprouvent ou ont éprouvé des répercussions sur leur santé mentale. Les femmes sont, là encore, en première ligne : 54 % redoutent une angoisse ou une dépression, contre 39 % des hommes. Autre impact : les difficultés financières. 43 % mentionnent notamment une charge économique accrue pour leur foyer.

Le manque de spécialiste et de ressources

En cause notamment ? Un manque de spécialistes et de ressources, pour plus de neuf répondants sur dix. En effet, face à une demande croissante et des ressources limitées dans certaines spécialités (médecine générale, psychiatrie…), les professionnels de santé font face à des défis majeurs qui compliquent l'accès aux soins et contribuent à cette errance. En conséquence, 36 % des personnes interrogées ont déjà attendu plus de six mois pour obtenir un rendez-vous médical, alors que leur besoin était « urgent ». Les habitants des communes rurales sont, encore une fois, les plus touchés (43 % VS 34 % dans l'agglomération parisienne).

Un parcours de soin peu adapté en IDF

Plus généralement, sur 1 092 personnes interrogées, 38 % ont rencontré des difficultés pour accéder à un parcours de soin adapté, plus particulièrement les actifs, les parents, ainsi que les Franciliens, qui font face à des cabinets surchargés (48 % mentionnent des obstacles contre 38 % pour la moyenne nationale). « Ce sondage précise cependant que les Français ont bien en tête que les professionnels de santé ne sont pas directement responsables : 54 % d'entre eux estiment que les médecins subissent cette situation et manquent de temps par rendez-vous », précise le Dr Julien Schemoul, rhumatologue et président du comité scientifique de MedInTechs.

Les alternatives envisagées par les Français

Face à ces nombreux obstacles, 62 % des répondants déclarent être prêts à explorer d'autres solutions pour obtenir un diagnostic ou un traitement. Ainsi, plus de la moitié consulterait un autre spécialiste pour obtenir un second avis ou un traitement plus pertinent. Parmi eux, 22 % testeraient des médecines alternatives, comme l'aromathérapie ou le thermalisme, et 13 % rechercheraient des pistes de diagnostic auprès de groupes de patients ou de communautés en ligne. Autre piste évoquée : la consultation d'un spécialiste à l'étranger (13 %) ou l'achat de médicaments ou dispositifs médicaux non approuvés dans l'Hexagone (6 %).

Le numérique et l'IA de plus en plus plébiscités

De nombreux Français fondent également leurs espoirs sur le digital. 26 % se disent prêts à s'appuyer directement sur des ressources numériques ou l'intelligence artificielle en cas d'errance médicale, notamment 45 % des 18-24 ans et 30 % des personnes directement concernées. De même, 43 % encouragent les médecins à utiliser davantage ces technologies innovantes pour accélérer les diagnostics et améliorer les traitements. 14 % accepteraient même un diagnostic uniquement posé par une IA, mais cette confiance reste plus marquée chez les jeunes et les personnes ayant vécu une errance médicale. « Toutefois, 37 % des sondés déclarent ne pas envisager d'alternatives, faute de confiance ou d'accès à des solutions viables », souligne le sondage.

Des alternatives présentées lors d'un salon

Peut-être trouveront-ils leur bonheur lors du salon de l'innovation en santé MedInTechs, organisé les 10 et 11 mars 2025, au Parc floral de Paris. Le Dr Julien Schemoul animera la conférence « Innover pour sortir de l'errance médicale », durant laquelle il présentera notamment des « solutions technologiques concrètes répondant aux défis de l'errance médicale ». L'une d'elles répond au nom d'« Echopen ». Cette startup entend « révolutionner l'imagerie médicale » avec son échographe « ultra-portable ». Cette innovation pourrait par exemple permettre aux médecins généralistes, qui disposent de peu d'outils, de poser un diagnostic plus précis afin d'orienter leurs patients vers le bon spécialiste.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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