Sourds refusés dans un avion: cacophonie au tribunal !

A qui la faute ? L'agence de voyage, le tour-operator et la compagnie aérienne impliqués dans l'affaire des sourds et mal-entendants refusés au départ d'un avion à Marseille, qui avait fait grand bruit en septembre, se sont renvoyé la balle au tr

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Marseille, 16 avr 2012 (AFP)

Dans la nuit du 17 au 18 septembre, vingt-deux personnes, dont 18 sords et trois mal-entendants, avaient été refusées, pour raisons de "sécurité", à l'embarquement d'un vol de la compagnie Hermès, filiale d'Air Méditerranée, pour la Turquie. Ils devaient y effectuer un séjour d'une semaine organisé par le tour-operator Fram et acheté auprès d'une agence marseillaise, Castellane Voyages.

La ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, avait alors dénoncé un acte discriminatoire. Après plusieurs mois de vaines négociations en vue d'un remboursement des billets, tout le monde s'est retrouvé lundi au tribunal de grande instance de Marseille pour une audience en référé, particulièrement longue pour ce genre de procédure.

"On ne leur a pas proposé un centime", tonne l'avocat des voyageurs, Me Régis Rebuffat. Et de dénoncer, outre l'humilitation de ses clients, la façon dont les parties adverses se défaussent: "l'agence de voyages met en cause le tour-operator, qui met en cause la compagnie d'aviation".
De fait, pour l'avocate de Castellane Voyages, Me Ghislaine Job-Ricouart, c'est Fram qui a fauté dans l'affaire: prévenu du handicap des passagers, le tour-operator aurait dû en informer la compagnie aérienne et s'assurer que tout se passerait bien.
Sa consoeur Me Pauline de Sars, qui défend Fram, dément: "La seule évidence dans ce dossier, c'est que le handicap n'est apparu qu'au moment de l'embarquement". En outre, alors que les plaignants réclament, outre le remboursement des billets, 15.000 euros chacun au titre du préjudice moral, le conseil souligne qu'"aucun justificatif d'achat individuel n'est apporté aujourd'hui".

Elle reproche enfin aux passagers d'avoir refusé une solution de remplacement: un transport vers Lyon d'où ils auraient pu prendre un avion plus grand, où le problème de sécurité, lié au ratio de personnes handicapées parmi les passagers, ne se posait pas.
La remarque énerve passablement l'assistance des sourds et mal-entendants, qui jusque-là ne lâchaient pas des yeux leur interprète.

L'avocate d'Air Méditerranée, Me Nathalie Morel, fait alors valoir les consignes strictes de sa filiale quant au nombre de personnels d'équipage devant accompagner les personnes à mobilité réduite.
"Mais ce n'est absolument pas leur cas, rétorque Me Rebuffat. Ce sont des gens qui lisent parfaitement sur les lèvres et les consignes de sécurité.

S'ils ont un interprète aujourd'hui, c'est parce qu'à la barre, on leur tourne le dos!"

Jugement le 4 juin.

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