Plan post-Charlie pour l'École : et le handicap ?

L'Éducation nationale dévoile le 22 janvier sa " Grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République ". Après la tragédie Charlie Hebdo, opération d'envergure en faveur de toutes les diversités. Le " handicap " est-il concerné ?

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Avec la tragédie de Charlie Hebdo, la France a ouvert les yeux, s'est réveillée… Oui la menace est, aussi, sur notre territoire, peut-être même dans nos écoles. Certains « jeunes » n'ont pas observé la minute de silence. La République, bafouée, n'a pas mis longtemps à réagir : elle a tout d'abord déployé un dispositif militaire dans la cadre du plan Vigipirate. Une décision à chaud, pour parer au danger. Mais au ministère de l'Éducation nationale, on a aussi pris les choses à bras le corps. Nadjat Vallaud-Belkacem, sa ministre, a fait depuis une dizaine de jours la tournée des établissements français pour prendre le pouls de cette « école » qui ne reconnait plus certains de ses « enfants ».

Un nouveau plan de bataille

Le 22 janvier 2015, elle délivre son plan de bataille : « La grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République ». Alors, évidemment, on imagine que ces mesures s'adressent en premier lieu aux jeunes issus de la diversité ethnique ou religieuse. Mais pas que ! Il y est question de toutes les diversités. Les élèves handicapés, même s'ils sont mentionnés en filigrane, ont donc toute leur place dans ce dispositif qui a pour objectif de consolider, en quatre grands thèmes, tout d'abord  le respect de la « laïcité et la transmission des valeurs républicaines ». Mais aussi la citoyenneté et la culture de l'engagement. Puis la réduction des inégalités et la mixité sociale. Et enfin la mobilisation de la recherche et de l'enseignement supérieur.

Et les élèves handicapés ?

« Le sentiment de désespérance, l'accroissement des inégalités et la prévalence du déterminisme social, l'incapacité collective à prévenir le décrochage scolaire endémique d'une partie de notre jeunesse, ont entamé la mission d'égalité de l'École, explique ce document ». Ces propos ne valent-ils pas aussi pour les élèves en situation de handicap ? On y parle de discrimination, d'indifférence… Un aveu : « l'École peine aujourd'hui à assurer les missions que la République lui a confiées, transmettre des connaissances et être un creuset de la citoyenneté, et à susciter la confiance des élèves et des familles. » Des mots qui sonnent bien familiers aux oreilles de ceux qui sont confrontés au handicap…

Quel plan de bataille ?

Cette mobilisation envisage donc de nombreuses mesures et notamment un plan exceptionnel de formation continue des enseignants et des personnels d'éducation pour les aider à aborder les questions relatives à la citoyenneté à la laïcité, à la lutte contre les préjugés. Est également prévue la mise en place d'un « parcours citoyen », de l'école élémentaire à la terminale, qui entrera en vigueur dès septembre ; 300 heures au total d'enseignement moral et civique qui doivent permettre aux élèves de bien comprendre « le respect des droits et de la loi, l'égale considération des personnes, le refus de toute discrimination, la solidarité, l'entraide ». L'Éducation nationale souhaite également pleinement associer les parents à cette mobilisation avec des temps d'échange et de parole. Elle propose aussi d'« accélérer la mise en œuvre du plan de lutte contre le décrochage scolaire » ou de mener « des actions en faveur des plus fragiles ». Quinze pages d'engagements…

Une école « autiste, triso, muco »

L'occasion (ou jamais ?) de crier haut et fort que la désespérance des minorités, même si elle prend différentes formes, est souvent la même. Pour quelques-uns qui finiront par empoigner un fusil d'assaut, combien d'autres luttent à armes inégales pour permettre à leur enfant de se faire une place dans l'École de la République. Ne dit-on pas, d'ailleurs, que les parents d'enfants handicapés mènent sans cesse un véritable « parcours du combattant » ? Les analogies restent heureusement sémantiques ! Cette mobilisation « historique » donnera-t-elle une nouvelle impulsion pas seulement à une école « black, blanc, beur » mais aussi « para, triso, muco » ? Dans une société ghettoïsée et fracturée, enfin un même creuset de mixité et de tolérance pour toute forme de diversité, même si les septiques affirment que ce plan ne vise qu'à réamorcer des dispositifs existants et ne fera qu'ouvrir une « boite de Pandore ». D'autres préfèrent y voir, à la faveur d'une tragédie, une aubaine pour tous…

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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