Femmes-handicap : relations amoureuses

Samya, poliomyélitique : "le handicap ne gène pas ma relation amoureuse"

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Evry, 7 mars
Par Jean-François COURTILLE

"Le handicap ne gêne pas ma relation amoureuse", a affirmé Samya, handicapée depuis l'âge de deux ans en raison d'une poliomyélite, lors d'un colloque à Evry (Essonne), sur le thème "Vie de femme et handicap moteur", où elle a revendiqué son statut de "femme à part entière".
Un colloque organisé vendredi par l'assistance publique des hôpitaux de Paris au Génocentre (Association Française contre les Myopathies).
La trentaine, Samya, française d'origine algérienne, est mère de quatre enfants. Elle confie : "J'ai grandi en Algérie, aux côtés de mes soeurs. Je n'ai pas pris conscience de ma différence à travers mon corps, mais par le regard inquiet et inquiétant que ma mère posait sur moi".
Dans le contexte arabo-musulman de l'Algérie, Samya ne ressent pas plus de frustration que les autres femmes de sa famille dans le domaine de la sexualité : "De toute manière, aucune d'entre nous n'imaginait avoir des relations sexuelles hors mariage", explique-t-elle.
A l'âge de quinze ans, Samya est envoyée dans un centre héliomarin en France, où elle côtoie des jeunes de son âge : "Nous participions chaque semaine à une "boum" avec des garçons d'un centre voisin".

"nous sommes des femmes à part entière"

De retour en Algérie, Samya est associée par ses amis à d'innocents complots amoureux entre adolescents. Ses parents et les autres adultes la considèrent, du fait de son handicap, comme un être asexué.
"Les choses se sont dégradées vers l'âge de vingt ans, quand mes soeurs ont commencé à se préparer au mariage, une perspective dont j'étais exclue", ajoute Samya, soulignant que "les jeunes hommes n'osaient pas risquer l'affrontement avec leur famille en épousant une femme handicapée".
Elle repart en France, où elle mène des études de biologie, vit de manière autonome et trouve du travail. Son premier rendez-vous avec un gynécologue se passe bien. Elle découvre qu'elle peut prendre la pilule sans risque médical.
"J'ai constaté aussi, poursuit-elle, que les hommes en France étaient moins bloqués par la perspective de vivre une relation avec une femme handicapée".
Samya finit par rencontrer l'homme de sa vie. "Aujourd'hui, je pense que nous devons veiller à ce que la société et l'environnement familial ne soient pas des freins à la vie amoureuse et maternelle des femmes handicapées", souligne-t-elle. "Nous sommes des femmes à part entière".

jfc/ed/reb

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