David Blunkett, un homme à poigne qui avait réussi à faire oublier sa cécité
Par Catherine FAY DE LESTRAC
LONDRES, 2 nov 2005
[BC][EC]Aveugle de naissance, né au sein d'une famille très pauvre de Sheffield (centre de l'Angleterre), privé très jeune de son père mort dans un accident du travail, David Blunkett ne disposait d'aucun des atouts nécessaires pour sortir d'un destin de misère a priori inéluctable.
[BC][EC]Membre du conseil municipal de Sheffield (nord) à 22 ans, député à 40 ans de Sheffield-Brightside, ce fils d'ouvrier était à 58 ans un pilier du gouvernement New Labour.
[BC][EC]Ministre de l'Education à l'arrivée au pouvoir des travaillistes en 1997, puis de l'Intérieur, il avait été l'artisan d'une loi antiterroriste très controversée, permettant la détention de suspects étrangers de terrorisme sans inculpation pendant plusieurs années.
[BC][EC]Considérant d'aimables "farfelus" ceux qui le critiquaient pour des lois liberticides, le ministre de l'Intérieur ne craignait jamais de choquer.
[BC][EC]Mais sa carrière prometteuse était partie en vrille depuis sa séparation acrimonieuse, durant l'été 2004, avec une jeune femme mariée, Kimberley Fortier-Quinn, directrice de l'hebdomadaire conservateur Spectator.
[BC][EC]Depuis, il n'a plus guère quitté les pages des journaux à scandales pour les rebondissements de sa vie privée.
[BC][EC]David Blunkett avait réussi à faire reconnaître, par tests de paternité et devant la justice, qu'il était le véritable géniteur du fils de deux ans de Mme Quinn.
[BC][EC]Celle-ci avait alors révélé qu'il était intervenu pour accélérer l'obtention d'un visa pour sa "nounou" philippine, une accusation qui allait l'acculer à la démission, en décembre 2004.
[BC][EC]La publication d'une biographie dans laquelle il n'épargnait aucun de ses collègues du cabinet lui avait également fait perdre beaucoup d'alliés.
[BC][EC]Il avait ainsi accusé le ministre des Affaires étrangères Jack Straw d'avoir laissé un véritable "bordel" au Home Office en 2001.
[BC][EC]Après la victoire travailliste aux élections de mai, Tony Blair l'avait rappelé au gouvernement, lui confiant les réformes fondamentales du régime de l'invalidité et des retraites.
[BC][EC]Il semblait souffrir de la solitude depuis son divorce en 1990 de sa femme Ruth, dont il avait eu trois fils, aujourd'hui adultes.
[BC][EC]Homme à poigne et bourreau de travail, il avait presque réussi à faire oublier son handicap physique, que lui-même avait qualifié avec dédain de banal "inconvénient".
[BC][EC]"Je vois ce que vous voulez dire" ou bien "vous m'avez ouvert les yeux" comptaient d'ailleurs parmi les réparties favorites de ce barbu intarissable, enseignant de formation.
[BC][EC]Flanqué en permanence de sa fidèle chienne-guide, Lucy jusqu'en 2003, puis Sadie, il était obligé de se faire traduire tous les documents en braille.
[BC][EC]En 1999 Lucy avait amusé la galerie lorsqu'elle avait vomi sur la moquette de la chambre des Communes lors de l'intervention de l'alter ego conservateur de son maître: c'était sa façon d'exprimer son opinion sur les discours des "tories", avait-il expliqué.
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