Logique des chiffres contre l'élément humain
[BC][EC]Le monde de l'assurance a, décidément, des efforts à fournir en matière d'intégration des personnes invalides. Pourtant, la détermination était manifeste.Depuis le mois d'octobre 2004, ce cabinet d'assurance mène, ainsi, une politique volontariste destinée à employer des salariés diplômés handicapés, à soutenir le développement des activités de sous-traitance effectuées par les Centres d'aide au travail (CAT) et à promouvoir la commercialisation de produits d'assurance susceptibles d'améliorer la vie des personnes à mobilité restreinte.
Si les interlocuteurs invalides présents ont salué les initiatives entreprises, ils ont, néanmoins, stigmatisé la difficile conciliation entre la recherche de la rentabilité économique, propre aux assureurs, et la dimension humaine, incarnée par les besoins spécifiques des individus atteints d'une pathologie.
Or, jusqu'à aujourd'hui, il semble que la quête du profit prévaut sur l'intérêt des contractants, ces derniers étant contraints de payer une surprime pour bénéficier d'une protection équivalent à celle d'un citoyen lambda.
[BB]Incohérence profonde [EB]
Et en dépit de quelques pistes de réflexion avancées au cours de cette table ronde, la situation risque de perdurer encore plusieurs années. L'idée d'une assistance personnalisée censée orienter les personnes handicapées vers les produits les plus avantageux a, certes, été évoquée mais l'incohérence du système est plus profonde. Elle réside, tout simplement, dans la nature de l'outil de travail des assureurs : les statistiques. Ces chiffres sur lesquels se base leur définition du risque décrivent une réalité totalement inadaptée à la vie des individus dont l'autonomie est limitée. D'après les spécialistes du secteur, les handicapés sont, statistiquement, des personnes courant des risques supérieurs aux individus valides. Cette vision est, pourtant, fausse comme l'ont rappelé les intervenants invalides puisque, le handicap impose de lui-même une restriction des activités. Par conséquent, l'individu non-voyant ou en fauteuil roulant se prémunira de risques potentiels en ne les provoquant pas. A l'inverse, une personne valide ne prendra pas tant de précautions et, au final, s'exposera à davantage aux risques. Malheureusement, cette réalité ne transparaît pas dans les chiffres des assureurs.
Julien Renon