Ni pauvre ni soumis, la colère gronde !

Après " Ni putes, ni soumises ", " Ni pauvre ni soumis " monte au créneau. Les minorités deviennent agissantes. La soumission n'est plus à l'ordre du jour et les personnes handicapées décident à leur tour de faire entendre leur voix, haut et for

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Le mouvement « Ni pauvre, ni soumis » a pour ambition de rassembler tous les citoyens qui souhaitent se mobiliser pour la création d'un revenu d'existence décent pour les personnes en situation de handicap et de maladie invalidante, qui ne peuvent pas ou plus travailler. Il réunit une quarantaine d'associations.

Le pacte de soutien, en ligne sur le site, a déjà permis de rassembler 8000 signatures en quelques jours. Localement, des initiatives se mettent en place, le ton monte au pied des préfectures, des bannières flottent au dessus de la France (survol de l'autoroute avec un étendard près de Nîmes) et la presse tient conférence... Avec pour motivation prioritaire d'interpeller le président Sarkozy sur la situation "misérable" des personnes en situation de handicap.

Prochain rendez-vous le 29 mars pour une grande manifestation nationale.

Le point sur cette mobilisation d'envergure avec Jean-Marie Barbier, président de l'APF.

Handica.com : Comment est né ce mouvement, à l'initiative de qui ?

JMB : En septembre dernier, la FNATH (Fédération nationale des accidentés du travail) et l'APF (Association des paralysés de France) ont envoyé un courrier commun à monsieur Sarkozy pour l'alerter sur le problème des ressources des personnes handicapées. La réponse du président était si insatisfaisante que le Comité d'entente a décidé de ne pas en rester là... A l'évidence, se contenter d'une lettre ne suffirait pas, il fallait concevoir quelque chose de beaucoup plus fort !

H : C'est à ce moment que l'APF a pris les choses en main ?

JMB : Nous avons bien ficelé ce projet avant de le proposer aux autres associations. On m'a parfois reproché le fait que l'APF avait travaillé seule mais nous avions vraiment besoin d'être surs qu'au sein de notre association tout le monde serait motivé. A la mi novembre, au sein de l'APF, 92 départements sur 93 étaient partants et nous avons senti que la force de mobilisation n'en était qu'à ses débuts. Nous avons alors soumis notre projet à d'autres associations. Et elles ont répondu présent à la quasi unanimité.

H : Pourquoi avoir choisi ce nom, « Ni pauvre ni soumis » ?

JMB : Nous sommes dans l'ère de la communication et du marketing, alors il fallait quelque chose de percutant, dans l'air du temps. Je reconnais qu'il est osé mais ca nous a permis d'être repérés. Nous en avons assez de l'image du pauvre handicapé miséreux. Notre but était d'interpeler, c'est réussi.

H : Lorsque monsieur Sarkozy scande « Travailler plus pour gagner plus », ca vous fait quel effet ?

JMB : C'est une véritable injustice pour les personnes handicapées. De nombreuses personnes en situation de handicap ne peuvent travailler qu'à temps partiel. D'autres, bien plus nombreuses encore, ne peuvent pas travailler du tout. Cette formule devient, de ce fait, humiliante. Notre système actuel prive des dizaines de milliers de personnes handicapées d'emploi. Alors quand, on nous dit « La seule solution pour s'en sortir, c'est de se mettre au boulot »... cela nous fait bondir ! La valeur « travail » ne concerne que celles et ceux qui peuvent effectivement travailler.


H
: Mais pourquoi cette force émerge-t-elle seulement aujourd'hui, sous sa présidence ? Est-ce aussi un parti pris politique ?

JMB : Absolument pas ! Mais nous refusons ce discours à sens unique sur le travail qui « oublie » toute une partie de la population. On sent une effervescence à laquelle les personnes handicapées souhaitent pleinement s'associer. Il faudrait arrêter de prendre des décisions contraires à ce qui a été annoncé.


H : Ne craignez-vous pas une récupération politique de votre mouvement ?

JMB : Cela fait partie du jeu. Sur notre blog, des personnalités politiques commencent à signer la pétition. Mais l'APF est apolitique, c'est écrit dans ses statuts. Donc le jour de la manifestation, pas question de passer le micro au représentant d'un parti politique, quel qu'il soit !


H : Une grande manifestation est prévue le 29 mars prochain, dans quel état d'esprit êtes-vous ?

JMB : Super confiant ! D'habitude, nous manifestons tous les dix ans, avec une ou deux associations. Mais là, nous sommes déjà 60 organisations. Les plus importantes d'entre elles sont capables de mobiliser entre 15 000 et 20 000 personnes. On peut donc compter sur plus de 30 000 manifestants. Mais au final, personne ne le saura vraiment car les caméras de comptage de la police sont incapables de dénombrer les fauteuils roulants !


H : Et après le 29 mars ?

JMB : Le mouvement est en marche et doit changer le regard de ce pays sur le handicap. Nous devons convaincre tous les décideurs qu'ils ont tout à gagner à travailler aussi avec des collaborateurs handicapés. Nous envisageons d'ores et déjà que ce mouvement s'inscrive dans la durée et existe bien au delà du 29 mars.

Info pratique:
Le départ est fixé à 13heures, place de la République, Paris.

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