Les premières descriptions des sensations et douleurs fantômes après amputation remontent au chirurgien français du 16e siècle, Ambroise Paré.
La sensation fantôme ("hallucinose") traduit la présence obsédante du membre absent, y compris parfois avec ses bagues ou chaussures... Tandis que les douleurs ressenties dans le membre fantôme "algohallucinose") peuvent ou non rappeler au patient d'anciennes douleurs.
Le chercheur Vilayanur Ramachandran et sa femme Diane Rogers-Ramachandran de l'université de Californie à San Diego ont conduit des tests avec des anciens combattants américains sur ces douleurs et les moyens de les éliminer.
L'idée provient de précédents travaux sur les "neurones miroirs" qui s'activent aussi bien quand on fait un geste délibéré (serrer la main, saisir un objet, toucher) ou lorsqu'on voit quelqu'un d'autre le faire. Ce système intervient dans l'apprentissage par l'observation et l'imitation.
Masser la peau aide à soulager la douleur en restaurant la circulation du sang et en activant des cellules sensorielles, qui inhibent les messages douloureux envoyés au cerveau.
Le chercheur a fait l'hypothèse que des cellules sensorielles de la main bloquent le message que les neurones miroirs essayent d'envoyer au cerveau, selon le magazine New Scientist.
Mais ces cellules étant absentes de la zone amputée, le signal arrive au cerveau et serait à l'origine des sensations illusoires et des douleurs éprouvées sur le membre fantôme.
Pour tester cette théorie, les chercheurs ont créé un système de "boîte miroir" donnant aux amputés l'impression de voir leur bras manquant.
Deux volontaires, en regardant leur main intacte touchée, ont ressenti l'impression que la main disparue l'était aussi. Et lorsqu'ils ont vu une tierce personne se caresser la main, ils ont commencé à ressentir une sensation similaire dans le membre disparu.
Un volontaire a indiqué que regarder une personne se frotter les mains faisait cesser la crampe douloureuse de son bras fantôme durant 10 à 15 minutes.
"Si vous le faites suffisamment souvent peut être cette douleur disparaîtra pour de bon", suggère Ramachandran. "Un amputé qui a des douleurs fantômes peut regarder un ami se masser la main pour s'en débarrasser", commente-t-il auprès de New Scientist.
Ce type de thérapie, si elle est utilisée suffisamment tôt, pourrait aider des patients victimes d'une attaque cérébrale à retrouver certains gestes, suggère-t-il.
BC/fbc
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