Conférence nationale du Handicap: forte attente des associations
Par Martine VERON
PARIS, 8 juin 2008 (AFP) - Prévu par la loi Handicap du 11 février 2005, qui avait fixé des règles ambitieuses en matière d'accessibilité, scolarisation ou emploi, le rendez-vous de mardi est très attendu par les associations représentant quelque 5 millions de personnes handicapées, fortement mobilisées depuis plusieurs semaines.
Si elles reconnaissent pour la plupart l'importance de la loi de 2005, qui a notamment créé une "prestation de compensation du handicap" permettant de financer les aides à l'autonomie, les associations regrettent la lenteur dans l'application des textes.
Un sondage réalisé fin mai par l'Ifop auprès de 400 adhérents de l'APF (association des paralysés de France) montre que les trois-quarts d'entre eux estiment n'avoir perçu aucun changement dans leur vie quotidienne, sauf dans l'accessibilité des lieux publics et des transports.
Une majorité a même ressenti une dégradation dans le domaine des ressources et du pouvoir d'achat.
Alors que le gouvernement vient de lancer des pistes pour repenser la prise en charge de la dépendance qui affecte une partie des handicapés, la question des ressources nourrit le mécontentement des associations, regroupées dans le cadre du collectif "Ni pauvre, ni soumis".
Fait rarissime, plusieurs milliers de personnes handicapées sont descendues dans la rue à Paris le 29 mars pour exiger "un revenu d'existence décent", au moins égal au Smic, pour les "centaines de milliers" de personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler et vivent au-dessous du seuil de pauvreté (817 euros par mois pour une personne seule).
Pour ceux qui peuvent travailler, l'emploi reste encore difficilement accessible. "Aujourd'hui, 23.000 entreprises ne recrutent aucun travailleur handicapé", a regretté la secrétaire d'Etat à la solidarité Valérie Létard récemment à l'assemblée, affirmant que des "annonces fortes" seront faites lors de la Conférence nationale mardi "en direction des administrations et des entreprises", autour d'un "pacte national pour l'emploi des handicapés".
Le président de la République devrait évoquer aussi la question de l'accueil en établissements des adultes handicapés, dont le nombre reste insuffisant.
La scolarisation des enfants handicapés est un autre point fort de la mobilisation des associations.
La loi de février 2005 fait obligation aux établissements scolaires d'accueillir les enfants handicapés que leurs parents souhaitent voir intégrés en milieu ordinaire. Ce droit, que Nicolas Sarkozy affirme "opposable", est mal appliqué, disent les parents, faute d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) et d'enseignants "référents" en nombre suffisant et bien formés.
A la rentrée 2007, 32.000 enfants étaient accompagnés, quelques heures par semaine ou à temps complet, par un AVS et 22.700 l'étaient dans le cadre d'un établissement spécialisé, selon le ministère. 160.000 enfants handicapés sont inscrits dans l'école de leur quartier (20% de plus qu'en 2005).
La loi a aussi fixé un objectif ambitieux en matière d'accessibilité des établissements accueillant du public, avec obligation de rendre leurs locaux conforme en 2015.
Mais l'APF, dont les adhérents sont très mobilisés sur ce point, déplore "la nonchalance quasi-générale" des établissements concernés "depuis trois ans".
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