Pekin, 10 sept 2008 (AFP)
Par Dan MARTIN
A peine une semaine après la fin des Jeux, le 17 septembre, il doit retourner en Europe où de plus en plus de joueurs handicapés sont devenus de véritables professionnels à plein temps, à l'image des valides.
Salaire confortable, voiture payée, appartement pris en charge et autres avantages apportés par son club italien, Brad Ness peut gagner sa vie en jouant.
"C'est le rêve de tout athlète !", explique celui qui joue depuis deux saisons dans la ville de Tarante (sud), où les basketteurs sont des célébrités locales.
"A Tarante, tout le monde nous reconnaît et on est dans le journal régulièrement. Lors des matchs à domicile, 2.000 personnes viennent nous encourager. Il y a une super ambiance, on ressent de l'amour là-bas", dit-il.
6.000 euros par mois
Des ligues professionnelles de handibasket sont déjà bien établies en Espagne et en Italie, mais d'autres pays comme la France, la Turquie (non représentés à Pékin) et l'Allemagne commencent à s'y mettre.
Les opportunités professionnelles restent rares dans les sports paralympiques. Seuls les basketteurs, les joueurs de tennis en fauteuil et une poignée de sportifs en athlétisme peuvent espérer vivre de leur passion.
"En Australie, c'est toujours perçu comme un sport amateur, presque un "sport handicapé". Il suffit de venir voir un match pour comprendre que nous sommes des athlètes et qu'on se défonce", dit-il.
Gagner l'or paralympique reste l'objectif numéro un à Pékin. Mais l'exposition sans pareille qu'offrent les Jeux est aussi un moyen, pour de futurs joueurs professionnels, de se faire repérer.
"(Les Paralympiques) permettent de nous faire remarquer au niveau international et de montrer aux équipes européennes ce dont on est capable", explique Nicholas Taylor, semi-pro en Australie.
Car faire partie d'un club européen signifie un salaire qui peut-être supérieur à 6.000 euros mensuels, d'après des joueurs.
"Ce n'est pas autant qu'un athlète valide mais il n'y a pas à se plaindre", estime l'Australien Shaunn Norris qui, après deux saisons en Italie, est transféré à Madrid après les Paralympiques.
80 matchs par an
"Ils veulent juste que tu soies concentré sur le basket et c'est tout. Voilà pourquoi c'est si chouette : ne pas avoir de boulot et simplement jouer au basket à 100% pour devenir encore un meilleur joueur", dit-il.
Les joueurs des clubs européens estiment qu'ils jouent plus de 40 matchs sur neuf mois, auxquels s'ajoutent, entre autres, les engagements avec leur équipe nationale, représentant au total jusqu'à 80 matchs chaque année.
"Il n'y a pas de saison morte", explique Richard Nortje d'Afrique du Sud.
Ayant joué cinq ans en Italie, Nortje dit aussi que désormais certains joueurs sont interpellés dans la rue. Et cette reconnaissance aide à faire exploser les stéréotypes.
Pour lui, "avant, les gens voyaient une personne handicapée et ne savaient pas comment réagir. Aujourd'hui, ils disent "hé, tu joues pas au basket en fauteuil roulant ?".
"Il sont plus à l'aise et se rendent compte que les handicapés ne font pas que s'asseoir pour demander aux autres de faire des choses pour eux".
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