Les engagements de la loi de 2005 en faveur des personnes handicapées
« La politique du handicap est rénovée dans les textes, en l'occurrence la loi de février 2005, mais elle est loin d'avoir atteint tous ses objectifs. Il faudra attendre dix ans pour qu'elle produise ses effets.
Une nouvelle définition du handicap
La nouvelle définition du handicap présentée dans cette loi est inspirée d'une classification internationale et d'une réflexion menée par nos amis québécois. « Le processus de production du handicap résulte d'une rencontre entre des incapacités et une inadaptation de l'environnement. » Ce qui sous entend que nous avons une responsabilité collective dans la production du handicap en général, et dans l'accessibilité en particulier.
Un statut ordinaire
En Suède, ce n'est pas par exception que l'on équipe les domiciles avec de larges portes. Elles sont installées d'entrée de jeu. C'est ce changement que nous devons opérer. Il faut que le statut de la personne handicapée devienne ordinaire et que le handicap soit traité à l'égal des autres questions de société. Alors qu'aujourd'hui, c'est encore une population à part à laquelle on apporte des solutions spécifiques.
Savoir écouter la personne handicapée
Pendant des années, le système a été le suivant. Remplir un dossier en six exemplaires validé par des experts. Or il est normal que la personne handicapée soit partie prenante dans les décisions qui la concernent. La prise en compte du handicap ne doit plus être une sollicitation bienveillante de la part de la société, et la personne handicapée doit devenir un sujet de pleins droits. L'accessibilité est évidemment une condition majeure à cela.
Les urgences en matière de logement
C'est tout particulièrement vrai dans le cadre du logement qui doit être un refuge, un jardin secret, a fortiori pour des personnes dont la vie est semée d'obstacles. Il faut donc que dans les MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), on s'organise de telle sorte que chaque personne concernée puisse dire à quoi elle aspire et quel est son projet de vie.
Le groupe « vie à domicile » du CNCPH
C'est cette révolution culturelle que nous devons mettre en place, avec un regard profondément humaniste. Et dans cette révolution, la question du logement est centrale. C'est pourquoi le CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), dont j'assume désormais la présidence, a créé un groupe de travail sur la vie à domicile. Nous serons attentifs aux conclusions tirées lors de cette journée de réflexion menée par Leroy Merlin et l'ADERE (Association pour le développement,l'enseignement et la recherche en ergothérapie). »
Propos recueillis par Emmanuelle Dal'Secco