PARIS, 16 juil 2010 (AFP) -
"Moi aussi" (en français) a été sélectionné au Festival de cinéma indépendant de Sundance (Utah, Etats-Unis) et a remporté un double prix d'interprétation au Festival de Saint-Sebastien, au nord-ouest de l'Espagne.
On y suit Daniel, un jeune diplômé (Pablo Pineda) qui décroche son premier emploi dans un centre social de Séville (sud de l'Espagne) où il rencontre une séduisante collègue, Lola (Lola Dueñas).
Anticonformiste, drôle, mais aussi instable et vulnérable, Lola aime rire avec Daniel. Lorsque celui-ci tombe amoureux d'elle, la jeune femme est décontenancée et doit affronter ce qui les sépare : Daniel est trisomique.
"La trisomie fait souvent peur, mais elle fait partie de la vie, et dans la vie il y a autant de joie que de douleur. Chacun choisit quoi faire de son existence, le handicap ne doit pas être forcément vécu comme une tragédie", affirme Antonio Naharro dont la soeur trisomique, Lourdes, campe Luisa, une malicieuse jeune fille surprotégée par sa mère, dans "Yo tambien".
"Chacun colore son rapport à l'autre de son propre vécu et de ses préjugés"
estime Alvaro Pastor. "J'ai dû entendre dire que la trisomie n'était pas un sujet commercial. Or, par mon vécu, je sais que c'est tout le contraire, qu'elle peut être amusante et même attirante sur le plan esthétique".
Bien écrit, drôle et délicatement mené, ce premier long métrage s'inspire de la vie de son comédien, Pablo Pineda, un jeune homme trisomique qui s'exprime parfaitement, possède de grandes capacités d'adaptation et un fort sens de l'humour.
Premier trisomique à décrocher un diplôme universitaire en Europe, il a donné des conférences dans plusieurs pays et participé à des émissions de TV pour changer le regard sur la trisomie.
Le personnage de Daniel, à mi-chemin entre deux mondes, celui de la supposée normalité et celui du handicap intellectuel, permet au film d'aborder avec finesse le tabou de la vie amoureuse et sexuelle des personnes trisomiques.
"Pablo est très spécial. A trois ans, un enfant trisomique ne peut pas apprendre à écrire, lui oui. Sa mère a vite vu ses capacités, elle s'est battue comme une lionne pour qu'il puisse étudier", dit Antonio Naharro.
"En Espagne et en Italie, nous avons l'un des modèles éducatifs les plus avancés d'Europe : la plupart des écoles intègrent les enfants atteints du syndrome de Down" (nom usuel de la trisomie en Espagne, ndlr), poursuit-il.
Pionnière, l'Andalousie a vu naître Danza Mobile, une compagnie de danse professionnelle qui a intégré des danseurs handicapés mentaux afin de faire reconnaître leur talent artistique par le public et les critiques.
Dans "Yo tambien", les danseurs de Danza Mobile tiennent leur propre rôle.
A force d'acharnement, Antonio Naharro et Alvaro Pastor ont trouvé le financement de ce long métrage, malgré le scepticisme des producteurs.
"Nous leur avons cloué le bec en disant :"OK, ça ne marchera pas ? Mais nous avons déjà tourné un court métrage de 20 minutes dont l'héroïne est trisomique, qui a remporté 45 prix nationaux et internationaux. Cela fait un an que nous en vivons !", s'amuse Antonio Naharro.
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