« Qu'est-ce qu'on fout là, qu'est-ce qu'on vient faire, j'voudrais faire tomber les barrières, y'a tant d'habitudes à défaire, y'a tant d'injustices à faire taire ! » Des paroles cash, un air assurément rock et un clip volontairement « perché » (en vidéo ci-contre). Guillaume Muller, malvoyant, est un chanteur engagé qui souhaite repousser les limites prétendues du handicap... et de la créativité. Son nouveau titre « Qu'est-ce qu'on fout là », extrait de son EP ALB sorti en février 2024, en est la preuve « éclatante », selon lui.
Refus d'être étiqueté « différent »
Guillaume naît à Libourne (Gironde), le 14 septembre 1992. Aveugle, il subit une double opération, quelques mois plus tard, qui lui permet de recouvrer partiellement la vue. Ayant à cœur de « faire comme les autres et de limiter l'impact du handicap », il suit une scolarité classique, rejetant l'aide d'un centre spécialisé. Celui qui refuse d'être étiqueté « différent » est pourtant contraint de porter d'épaisses lunettes pour protéger ses yeux fragilisés. « Pas toujours facile socialement, les enfants et surtout les ados sont parfois cruels », se souvient-il. Collégien solitaire, il se réfugie dans le cinéma et la musique, dans laquelle, il le sent, il fera carrière.
Ses premiers pas dans la comédie musicale
A son entrée au lycée, il troque ses « binocles » pour des lentilles de contact. « Ça a changé ma vie car mon handicap ne se voyait plus à des kilomètres. J'ai pu vivre mon adolescence et m'épanouir plus à ce moment-là », confie Guillaume. Bac en poche, il intègre une école de théâtre à Paris et se lance dans la musique. Véritable touche-à-tout, il s'essaye à l'écriture, la poésie, la composition, le théâtre, l'animation radio, le journalisme... En 2018, il intègre la comédie musicale Bernadette de Lourdes. « Je n'ai pas dévoilé mon handicap lors du casting ; ce n'est que bien plus tard que le producteur l'a découvert probablement parce que j'avais une attitude un peu différente pour lire, voir les objets », révèle le jeune homme, qui a été « rassuré » quand il a vu « que cela ne posait pas de problème ».
Surmonter les obstacles et les peurs
Libéré d'un poids, il a ensuite pu mettre en place des points de repère sur scène afin de se déplacer plus facilement, « à l'aveugle », selon lui. « C'est une grosse production donc c'est à moi de m'adapter. Et avec toutes les lumières puissantes qui m'aveuglent et les sorties de scène dans le noir complet, c'est parfois compliqué », explique l'artiste. « Je ne serai jamais pilote de ligne, c'est une évidence, mais je suis persuadé que, parfois, certaines personnes handicapées se ferment des portes car on les met dans un schéma de vie en choisissant à leur place, déplore-t-il. Moi, j'essaye le plus possible de surmonter les obstacles et les peurs. »
Un clip mystérieux et élégant
Revendicatif, son titre « Qu'est-ce qu'on fout là » interroge le sens de la vie. L'artiste de 31 ans a jeté son dévolu sur une salle de cinéma, un lieu qu'il trouve « particulièrement beau et symbolique ». Avec ce cadre inhabituel mis en lumière par plusieurs scènes en noir et blanc, il a souhaité créer une atmosphère singulière, « où l'inattendu prend le pas sur le quotidien ». La présence d'une scène d'escrime ajoute une touche de mystère et d'élégance à ce clip de 2 minutes 52. Pour se préparer, Guillaume Muller a suivi une séance d'entraînement afin d'obtenir un rendu le plus réaliste possible. Une authenticité qui le caractérise depuis ses débuts...
En pleine tournée avec Bernadette de Lourdes, Guillaume Muller planche en parallèle sur de nouveaux titres pour son EP, avec une ambition claire : faire revivre le rock !
© Capture d'écran du clip