Par Emmanuel DEFOULOY
PARIS, 20 sept 2011 (AFP) -
"Pour nous, la rentrée scolaire 2011 est identique à la rentrée 2010", notamment car "il n'y a eu aucune anticipation des moyens d'accompagnement, pourtant la date de rentrée était connue depuis longtemps", a déclaré à la presse Sophie Cluzel, présidente de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph).
Sur les 60.000 élèves handicapés scolarisés nécessitant un accompagnement, "5.000 sont en attente d'une aide" et il n'y a eu "aucun recrutement effectif à la rentrée des 2.000 postes" d'assistants promis le 8 juin par Nicolas Sarkozy lors de la Conférence national du handicap, a-t-elle affirmé.
La Fnaseph fédère 35 associations représentant plusieurs milliers de familles d'enfants handicapés.
"Pour nos enfants, comme pour tous les élèves de la République, la rentrée c'est le 5 septembre, pas le 20 septembre ou le 5 octobre", a dit Mme Cluzel en déplorant que "plusieurs dizaines d'enfants aient dû revenir à la maison" après le jour de la rentrée, faute d'accompagnants.
"Et il y a de grandes disparités régionales. Dans l'Yonne, ça marche, mais à Poitiers les enfants scolarisés dans le privé se sont vu refuser leurs AVS" (auxiliaires de vie scolaire), a-t-elle affirmé. "Entre la conférence du 8 juin et la réalité sur le terrain, c'est le grand écart", a dit Mme Cluzel.
Le ministère de l'Education a répondu à l'AFP que, sans compter l'académie de Lille, "551 emplois" ont déjà été recrutés. "On arrivera aux 2.000 dans les semaines qui viennent", a affirmé le ministère.
"On a mis les moyens, que l'on ne nous dise pas qu'il en manque. On aimerait bien que les associations mettent en avant ce qui marche", a-t-on ajouté.
Au chapitre des points positifs, la Fnaseph a souligné la hausse continue du nombre d'élèves scolarisés en milieu ordinaire (212.640 en cette rentrée) et les avancées concernant l'adaptation des manuels scolaires.
Mais elle a fait aussi d'autres critiques, sur les classes pour l'inclusion scolaire (Clis en primaire, Ulis dans le secondaire) et les 2.000 contrats d'assistants.
"25% des Clis et 20% des Ulis sont encore tenus par des enseignants qui n'ont pas eu de spécialisation, et même des débutants. Je leur tire mon chapeau, je ne sais pas comment ils font, et je sais de quoi je parle", a dit Mme Cluzel, témoignant avoir une fille en collège dans une telle classe.
Quant aux 2.000 "contrats d'assistants d'éducation", présentés comme nouveaux car plus pérennes, la Fnaseph a assuré qu'ils étaient semblables aux contrats d'AVS déjà existants, de trois ans renouvelables une fois.
"Ce sont les mêmes contrats qu'avant, c'est un effet d'annonce", a dit l'ex-présidente, Marie-Christine Philbert.
Le point presse de la Fnaseph a d'ailleurs été l'occasion de témoignages de parents évoquant la "complexité" et la "disparité" des contrats d'accompagnants (six mois, deux ans ou six ans; 20 ou 35 heures par semaine; 680 à 1.200 euros par mois de rémunération, etc.).
Après cette rentrée "très douloureuse", la Fnaseph veut cependant continuer à être "un partenaire constructif" du gouvernement et prévoit un "Grenelle de la scolarisation des élèves handicapés", début décembre.
Elle dressera alors "un plan de propositions pratiques pour les deux années à venir" et invitera le chef de l'Etat à la synthèse des travaux.