Par Julie CHARPENTRAT
PARIS, 11 mai 2012 (AFP) -
Gaumont Pathé a lancé en avril des séances sous-titrées pour les sourds, qui ont pu ainsi suivre les aventures du "Marsupilami", à raison de deux séances par semaine.
"Avec le numérique, c'est beaucoup plus simple" techniquement de passer des films sous-titrés, explique Jean-Pierre Decrette, directeur du développement du réseau. D'autres cinémas s'étaient déjà lancés, notamment avec "Intouchables", qui met en scène un personnage tétraplégique.
Mais il reste du chemin à faire: en 2010, sur 270 films français sortis, six étaient sous-titrés, selon le site internet CineST. Ils étaient huit en 2011.
La loi de 2005 sur le handicap exige un accès de tous "les biens et services" pour les personnes handicapées. En 2015, les bâtiments recevant du public devront être accessibles: relativement simples pour les accès physiques (ascenseurs...), les choses sont plus floues pour l'accès aux oeuvres ou aux spectacles.
Pour le président de l'Association des Paralysés de France (APF) Jean-Marie Barbier, "toutes les séances et tous les films devraient être accessibles".
De même, "pas question d'être parqués dans un coin de la salle" quand on est en fauteuil roulant, poursuit-il, jugeant primordial que les personnes handicapées soient "au milieu des autres".
A l'Opéra de Bordeaux, deux places pour fauteuils roulants sont prévues quand la loi en exige vingt. Mais les travaux sont en cours, précise Frédéric Tréjaut, responsable des services intérieurs. Il rappelle que le théâtre, ancien, est soumis à des contraintes architecturales et de sécurité.
Les malvoyants, quant à eux, peuvent pour certaines représentations être équipés d'écouteurs. Dans l'oreille, une personne en régie, leur décrit ce qui se passe sur scène: c'est l'audiodescription.
Car, si opéra et théâtre sont "très accessibles aux aveugles", explique Frédéric Le Du, administrateur de l'association Accès Culture, il faut bien "donner des éléments de décors et de costumes" ou indiquer "qu'un personnage est entré sur scène sans dire un mot".
Une centaine de spectacles par an sont ainsi accessibles, grâce aux prestations de l'association, qui coûtent au maximum 4.000 euros.
Le 15 mai, le Théâtre national de Bretagne donnera ainsi "Cendrillon" en langue des signes tandis que le 29, les spectateurs sourds pourront assister à "Une puce, épargnez-la" de Naomi Wallace à la Comédie Française avec un surtitrage individuel sur tablette électronique.
Au Louvre, le mécénat privé a permis l'ouverture de la "galerie tactile" en 1995, qui permet de toucher des moulages de sculptures ou de bas-reliefs.
Conçue à l'origine pour les malvoyants, elle sert aussi beaucoup aux enfants, explique Michel Lo-Monaco, chargé du public handicapé, qui organise également des "visites descriptives" ou en langue des signes dans le reste du musée. Le Louvre reçoit 1.000 groupes d'une vingtaine de personnes handicapées chaque année, dont beaucoup de personnes handicapées mentales.
A la demande des visiteurs aveugles, "les conférenciers prennent soin de ne pas décrire que les oeuvres mais aussi les salles", précise-t-il.
Et pour faire apprécier un tableau ? "On se sert de reproductions en relief, thermoformées", explique M. Lo-Monaco.
"Le monde de la culture est en général un milieu de gens plus ouverts" que d'autres sur la question, juge Jean-Marie Barbier, mais cela repose encore trop sur les bonnes volontés individuelles, déplore-t-il.
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Profiter du dernier blockbuster quand on est sourd ou apprécier un Delacroix quand on est aveugle, autant d'activités culturelles de plus en plus ouvertes aux personnes handicapées même si les associations aimeraient que les choses aillent plus vite.