Handicapés tétraplégiques recherchent infirmière désespérément
Par Philippe ZYGEL
MONTPELLIER, 15 jan 03(AFP) - Seul, dans une résidence anonyme de Montpellier, Claude Chanzy, 43 ans, tétraplégique depuis l'enfance, frappé par la polio, s'est lancé dans une grève de la faim. Cela fait trois ans que cet ancien comptable au chômage réclame en vain une infirmière.
De guerre lasse, après moultes démarches, il a cessé de s'alimenter depuis le 6 janvier et attend désormais, cloué dans son lit qu'il actionne à l'aide d'une télécommande.
« J'en suis arrivé là pour mettre la société en face de ses responsabilités.
L'Etat doit nous assurer un minimum de dignité. Arrêtons de nous défausser sur les associations ou sur le Téléthon », articule-t-il d'une voie aiguë.
En décembre 2001, il a écrit une première lettre à Ségolène Royal, ministre alors en charge des personnes handicapées. Cette année, un courrier a
été adressé au président de la République Jacques Chirac. Toujours sans réponse, déplore cet ancien candidat, en 39e position, sur la liste des Verts aux municipales au nom des handicapés.
Après plus de dix ans de service, l'infirmier chargé de l'aider à se lever et à faire sa toilette a jeté l'éponge. « Les infirmiers ne veulent plus faire des soins aussi lourds. Je dois recourir ponctuellement à des étudiants via les petites annonces pour mes soins », explique cet homme, atteint également de diabète.
[BB]« situation complexe »[EB]
Dans la commune voisine de Lattes, Pascal Duroguzzi a rejoint dès le lendemain ce mouvement de grève de la faim. « Aucune infirmière ou infirmier n'accepte de venir à mon domicile pour mes soins. Comment puis-je travailler et vivre dans ces conditions? C'est comme si on n'existait pas », clame-t-il.
Atteint d'une maladie du système nerveux, cet éditeur de 45 ans, privé de l'usage de ses membres, s'est installé il y a trois mois dans cette station balnéaire. Depuis, faute d'infirmière, sa propre collaboratrice s'occupe de lui. « On a passé des centaines d'appels. On nous dit toujours qu'on nous rappellera », dénonce-t-elle.
Environ 3.000 personnes connaîtraient une telle situation en France, selon le collectif des démocrates handicapés, un mouvement politique de type associatif, créé le 9 décembre 2000 à l'Assemblée nationale pour défendre les droits des handicapés.
« Il faut attirer plus de jeunes vers la profession d'infirmier. La situation devient si critique que l'on finira par ne gérer que l'urgence au lieu d'une politique en amont », estime Serge Villain, responsable pour l'Hérault de ce collectif, dont sont membres les deux grévistes de la faim.
Pour le président du syndicat Profession infirmier, Bruno Enjalras, cette « situation complexe » ne s'explique pas seulement par la pénurie d'infirmières libérales face à l'afflux des personnes âgées ou dépendantes dans l'agglomération montpelliéraine, réputée pour le soleil mais aussi ses aménagements urbains destinés aux handicapés.
« S'occuper d'un handicapé, c'est un soin plus lourd et éprouvant que pour d'autres cas. Il faut donc absolument revaloriser cet acte médical », affirme-t-il.
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