Handicap.fr : Porte-drapeau 2014, ce n'est pas rien... Vous vous sentez comment ?
Vincent Gauthier-Manuel : Très ému et à la fois très fier ! C'est une lourde tâche.
H.fr : Que représente cette mission ?
VGM : Transmettre le plus naturellement possible l'image qui est la nôtre : l'esprit montagnard. J'espère aussi fédérer la troupe au mieux pour motiver tout le monde sans faire monter la pression. Je pense déjà à mon entrée dans le stade pour la cérémonie d'ouverture, quand je porterai le drapeau français. Pour l'avoir déjà vécu en tant que membre de l'équipe de France, c'est énorme. Mais, là, ça va vraiment prendre une dimension supérieure pour moi. L'image de la France, ce n'est pas rien !
H.fr : Ajoute-t-elle une pression supplémentaire ?
VGM : Quelque part, oui ! Mais nous sommes préparés à cela. Et je compte aussi sur mon ami Jason Lamy-Chappuis pour me faire un retour sur ses fonctions de porte-drapeau de l'Equipe de France valide, ce qui m'aidera bien.
H.fr : Deux Jurassiens porte-drapeaux à Sochi, avec Jason Lamy-Chappuis, qui emmènera un peu avant vous l'équipe olympique... Vous êtes amis, c'est une belle histoire ?
VGM : Sacré coïncidence ! Nous sommes de la même année et étions au collège en section sport-étude ensemble. Le Haut Jura est très impliqué dans les sports d'hiver, et c'est une belle récompense pour le secteur aussi.
H.fr : En sports d'hiver, on pense souvent aux Alpes ou aux Pyrénées, c'est une fierté que le Jura soit ainsi mis à l'honneur ?
VGM : C'est rare de voir un Jurassien skieur alpin. J'en ai fait un complexe au début puis une force en prouvant que ce n'est pas parce qu'on a des petites montagnes qu'on ne fait pas du grand ski !
H.fr : Que vous inspirent ces Jeux en Russie ? Connaissez-vous déjà la piste de Rosa Khutor ?
VGM : Les Jeux, où qu'ils soient, restent un évènement à part où tout est fait pour l'épanouissement des athlètes. En Russie, il n'y a pas encore la culture du ski alpin mais cela risque de changer avec la station de ski qui a été créée de toutes pièces. Les pistes de ski de compétition sont très intéressantes car très techniques. Il y a beaucoup de changements de pentes donc pas mal de portes cachées. Il faudra affuter sa trajectoire !
H.fr : Vous avez vécu les Jeux paralympiques de Vancouver, avec deux superbes médailles d'argent en Super combiné et Super G... Quel souvenir en gardez-vous ?
VGM : La médaille de bronze de Vancouver, première pour la délégation française, après plusieurs jours d'attente, reste un grand moment pour moi, avec une cérémonie de récompense très émouvante ! Il y a des instants inoubliables dans la vie, celui-là en fait partie.
H.fr : Skier avec un bras en moins, qu'est-ce que cela implique au niveau de l'équilibre, de votre performance ? Quelle est la principale difficulté ?
VGM : Par rapport à un skieur valide, je perds environ 0,5 seconde au départ, au moment de la poussée. Ensuite, l'équilibre, et donc la pression, n'est pas le même sur mes appuis gauche et droit. Cela a pour conséquence de perdre quelques miettes à chaque porte.
H.fr : Au-delà de votre rôle de porte-drapeau, et après deux titres aux Mondiaux de La Molina en 2013, vous partez pour Sochi en conquérant. Quels sont vos objectifs personnels ?
VGM : Difficile à donner car nous sommes une dizaine capable de prendre la première place sur chacune des disciplines. Ce sera très serré mais le super G me tient vraiment à cœur. J'espère pouvoir produire ma technique de ski en me faisant plaisir. Je veux être en paix avec moi-même.
H.fr : France Télévisions diffusera de nombreuses heures de direct pour ces prochains Jeux Paralympiques d'hiver, un dispositif sans précédent, mieux qu'à Londres en 2012... C'est une première victoire pour vous ?
VGM : Je pense que de nombreux spectateurs ont vu des choses intéressantes lors des Jeux Paralympiques de Londres. Cela a été une avancée et un grand tournant pour le milieu paralympique. A nous de continuer à montrer les valeurs du haut niveau.