Faire don de son cerveau à la science, c'est possible et même fortement recommandé ! Post-mortem bien entendu. C'est ainsi que l'Académie nationale de médecine a lancé, mi-janvier 2014, un appel au don. La recherche sur le vieillissement cérébral et les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson ou sclérose en plaques) bute en effet aujourd'hui sur un obstacle majeur, « la pénurie de cerveaux à étudier induite par la disparition programmée de l'autopsie scientifique en France », selon son communiqué. Elle souligne que seuls 0,11 % des décès en France en 2011 ont été suivis d'une autopsie médicale. Les espoirs mis dans l'autopsie virtuelle par échographie, scanner X ou imagerie par résonnance magnétique (IRM) pour remplacer l'autopsie médicale n'ont pas, jusqu'ici, été exaucés.
Une banque nationale de cerveaux
Pour faire face à cette pénurie, une banque nationale de cerveaux, le GIE Neuro-CEB, a été mise en place dès 2006 à l'initiative de plusieurs associations de patients. Cette mobilisation a permis de collecter à ce jour 400 cerveaux, tandis que 1 700 personnes ont consenti à un prélèvement à leur décès. En revanche, si les dons de patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson ne posent pas trop de problèmes, leur nombre reste insuffisant en cas de sclérose en plaques ou autres pathologies neurologique. Manquent surtout des « témoins » , c'est-à-dire des personnes indemnes de ces pathologies avant leur décès, afin de pouvoir les comparer , explique Marie-Claire Artaud, coordinatrice de la banque de cerveaux basée à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris. Une fois les prélèvements effectués par les neuropathologistes du réseau, les échantillons sont mis à la disposition de chercheurs dont le projet scientifique a été au préalable agréé par des spécialistes de la pathologie concernée.
Un consentement obligatoire du vivant
Prélever le cerveau après la mort (dans les 48 heures suivant le décès) est un geste difficile, non seulement pour des raisons techniques mais aussi parce que cela va à l'encontre de tabous envers la dépouille mortelle. Le GIE Neuro-CEB a donc décidé de ne le pratiquer que si la victime a expressément donné son consentement de son vivant. Pour l'Académie de médecine, il faudrait élargir les conditions de ce don à ceux existant déjà pour le don en vue d'une greffe, à savoir le consentement présumé qui concerne toute personne n'ayant pas manifesté d'opposition de son vivant à ses proches ou en le faisant inscrire dans un registre national des refus. Selon le GIE, c'est « un acte généreux et utile (...) car l'analyse post-mortem peut donner des renseignements inestimables. »
N° vert (GIE Neuro-CEB) : 0 800 531 523